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Grille en stuc pour un Versailles en toc

Bernard Hasquenoph |

Louvre pour tous | 26/08/2008 | 17:05 | 3 commentaires


La pseudo-restitution de la grille Royale, dans la cour du château, s’inscrit moins dans un souci de ressusciter le passé que de réguler le flux des visiteurs. A Versailles, l’Histoire s’instrumentalise à des fins logistiques.

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Grille Royale toute neuve
© Louvre pour tous

26.08.08 | « RESTITUER À VERSAILLES sa grille Royale, c’est rendre à l’espace sa fonction symbolique, c’est redonner toute sa sacralité au château construit comme l’écrin du pouvoir suprême… » [1]. C’est avec ces mots pleins d’emphase qu’il y a un an, Jean-Jacques Aillagon, tout juste nommé à la tête du prestigieux établissement, justifiait le chantier de plusieurs millions d’euros financé en partie par une entreprise privée [2], contre les arguments de ceux qui en dénonçaient l’incohérence [3].

Venant à sa rescousse, le maître d’œuvre de l’opération, Frédéric Didier, architecte en chef du château depuis 1990 et superviseur de la restauration unanimement saluée de la Galerie des Glaces, ne craignait pas d’affirmer que la grille allait être « la réplique exacte de celle que voyait l’homme du XVIIIe siècle » [4] quand Béatrix Saule, conservatrice en chef et directrice du Centre de recherche du site, en appelait au respect de l’option prise par la figure tutélaire de Pierre de Nolhac, conservateur du domaine dans les années 1900 : « Restituer Versailles dans son état ancien régime » [5].

FAUX HISTORIQUE, HYPOTHÈSE MODERNE
Réplique exacte, vraiment ?! quand la restitution de la grille se réfère à deux périodes distantes de près d’un siècle, comme l’ont montré ses détracteurs :
- les années 1680 qui virent, sous l’égide de Jules Hardouin-Mansart, architecte de Louis XIV, la pose de la grille dans un environnement architectural perpétuellement en chantier, celle-ci venant se rattacher à des pavillons en retrait de plusieurs mètres de ceux visibles aujourd’hui
- la seconde moitié du XVIIIe siècle quand Ange-Jacques Gabriel, architecte de Louis XV, tenta de mener à bien son grand dessein qui devait totalement transformer la façade du château côté ville, chantier suspendu en 1774, laissant une partie de la grille démontée, la partie toujours en place attachée à un ancien pavillon reconstruit... en 1820 sous Louis XVIII par l’architecte Alexandre Dufour, aligné sur le pavillon voisin dû à Gabriel, la grille n’étant alors plus qu’un souvenir.

Dans ce contexte mouvant, qui constitue l’histoire même du château, comment asseoir sérieusement une restitution (rajouté le 15.08.10 : au sens de l’Institut international de conservation, le terme « reconstitution » serait plus approprié, cf. encadré) ? Un gloubi-boulga qui ne trompe pas une presse spécialisée en architecture qui qualifie de « fiction transhistorique » la tentative impossible de retour à un passé figé pour un ensemble marqué par une « stratification » inextricable d’époques. La grille actuelle - ni plus ni moins qu’un « faux historique » selon le même magazine pourtant favorable au projet [6] - devient alors « hypothèse » moderne, manière la plus honnête d’en définir la nature [7]. L’oeuvre dévoilée le 30 juin 2008, les médias généralistes répercutent la version officielle du château recueillie par l’AFP [8], s’extasiant devant une grille « dorée comme une gourmette » pour reprendre l’expression d’un rare article paru alors un tant soit peu critique [9].

RECONSTITUTION = Une oeuvre ou les parties disparues d’une oeuvre peuvent être remises sous les yeux de deux manières : virtuelle ou réelle. Dans le premier cas, on parlera de restitution. La reconstitution appartient au contraire au monde réel. Quelle que soit la précision des documents sur lesquels elle se fonde, la reconstitution n’a jamais pour résultat la résurrection de l’original : ce serait un contre-sens logique. Elle aboutit à la production d’un substitut. L’opération n’a rien d’illégitime si elle se donne pour ce qu’elle est. En revanche la reconstitution qui ne s’avoue pas, ou se masque sous le mot de restitution, est une falsification.
RESTITUTION = Terme à utiliser avec prudence car il est source de graves confusions. Au sens propre, restitution s’applique à la recomposition en image des parties manquantes ou très dégradées d’une oeuvre ou d’un monument : elle se fait sur le papier, sous forme de maquette ou par des moyens informatiques. Ce travail peut concerner n’importe quel type d’art, mais le mot est surtout utilisé en architecture. C’est à tort qu’on s’en sert pour désigner la reconstruction effective des manques : il faut alors employer reconstitution. Le sens moral de restituer est : rendre à quelqu’un ce qui lui appartient. Se servir de ce mot pour désigner une reconstitution sur l’objet même a pour effet de masquer ce qu’il y a nécessairement d’hypothétique dans un tel travail en posant a priori l’action comme légitime. C’est aussi donner à penser que des objets disparus peuvent être ramenés à l’existence, ce qui est une absurdité.
Ségolène Bergeon-Langle & Georges Brunel, « Dossier Fac-similés, copies, répliques... », CORÉ n°22, Section française de l’Institut international de conservation (SFIIC) | Juillet 2009

Une autre presse spécialisée rappelle pourtant la « documentation lacunaire » qui a présidé au projet [10]. Car, si l’emplacement de la grille peut sans doute s’avérer exact dans son tracé au sol, ne serait-ce qu’avec les fouilles archéologiques qui ont confirmé les informations collectées dans les archives - fouilles qui, soit dit en passant, ont été précipitées pour la nécessité de respecter le calendrier des travaux, comme pour la construction d’un vulgaire parking, un comble pour ce haut lieu d’histoire ! [11] - peut-on en dire autant de sa partie la plus visible, motifs et ornements, quand pas un document iconographique d’époque n’en représente d’identiques ? Pourtant, l’architecte en chef invoque des « bases solides et incontestables » à son œuvre de reconstitution [12]. Il n’en donne hélas nulle part le détail, restant toujours dans le vague [13] quand, dans la multiplicité des représentations picturales existantes, la grille apparaît souvent lointaine et imprécise. Pour la partie ornementale, il semblerait qu’on se soit délibérément appuyé sur un seul et unique document - la gravure de Le Blond, non datée [14] - le seul publié qui ressemble à la restitution, au détriment d’autres, différents dans leurs dessins [15], bien que moins spectaculaires puisque telle était la promesse [16].

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Grille Royale version XXIe siècle
© Louvre pour tous
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Jean-Baptiste-Alexandre Le Blond (1679-1719) Relevé de la Grille Royale de Jules-Hardouin Mansart
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Ange-Jacques Gabriel (16981782)
Relevé de la Grille Royale de Jules-Hardouin Mansart


Enfin de quel homme du XVIIIe parle-t-on ? Certainement pas des contemporains de Louis XVI qui, en près de vingt ans de règne, n’auront jamais connu la grille Royale visible désormais par les touristes du XXIe siècle. L’hémicycle nord, soit un tiers de l’ensemble de la grille, fut démontée en 1771, pour être remplacée, faute d’être remontée après la construction du nouveau pavillon Gabriel, par une simple palissade de bois. Deux baraques en moellon, aux toits pointus, construites pour abriter l’une des gardes, l’autre des bureaux, s’y adossèrent quand une troisième plus élevée surmontée d’un clocheton fut construite plus en avant pour intégrer l’horloge du bâtiment disparu. C’est cet état qui devait perdurer jusqu’à la Révolution où l’on finit par supprimer la totalité en 1794. Anecdote historique intéressante, l’invasion du palais par le peuple parisien en révolte, le 6 octobre 1789, a pu été facilitée par cette configuration facilement franchissable [17].

<h6>Les cours du château de Versailles le 19 septembre 1783, gravure de LE NOIR © DR</h6>

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Ainsi, si Frédéric Didier comme Jean-Jacques Aillagon avaient voulu respecter la règle d’usage à Versailles qu’ils ne cessent pourtant de rappeler à tout va, qui plus est au sujet même de la grille [18], c’est ce dernier état historique d’avant la Révolution qu’il aurait fallu retrouver. Mais, malgré les belles déclarations de principe, la vérité historique est-elle vraiment le but recherché ? Pas si sûr.

Il faudra les questions de l’historien Franck Ferrand, sur une radio nationale, en plein été 2008, pour que Frédéric Didier oublie enfin sa fable d’exactitude pour reconnaître son rôle d’interprète dans le vaste chantier qu’il mène et concéder - avouer - que, « les archives ne [disant] pas tout », nombre de détails figuratifs de la grille Royale ont été tout bonnement reproduits « par analogie à partir d’éléments authentiques conservés soit sur le site de Versailles soit dans d’autres grilles du XVIIème siècle » [19].

Alors, la grille Royale « fidèle à ce que Louis XIV avait sous les yeux » comme il le disait ailleurs [20] ? Evidemment non, juste une hypothèse, mi authentique mi à la manière de, un « monstre anhistorique » selon la juste expression de l’historien d’art Alexandre Gady [21].

C’EST PIERRE DE NOLHAC QU’ON ASSASSINE

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Une du Figaro le 30.10.1934

Quant au parrainage d’outre-tombe de Pierre de Nolhac, il est également sujet à caution. S’il est d’une certaine façon exacte que ce grand conservateur, dans les années 1900, fut l’initiateur de la doctrine du retour à l’état 1789, par sa volonté de rendre au château de Versailles sa fonction originelle de palais royal, gommée par l’affectation de ses espaces intérieurs au musée d’histoire de France voulu par Louis-Philippe et inauguré en 1837, cela ne devait pas se faire selon lui à tout prix et à n’importe quelles conditions.

Animé d’un souci d’authenticité, partisan d’une politique de remise en l’état quand cela était matériellement possible, par le rétablissement d’éléments encore existants à leur emplacement d’origine (boiseries, cheminées, statues…) ou par la dépose d’éléments postérieurs au XVIIIe siècle comme au Grand Trianon, son apport à la résurrection d’un Versailles royal a été essentiellement de l’ordre de la recherche, par la publication abondante de livres et la tenue d’expositions, qui ont contribué à diffuser une meilleure connaissance de l’histoire du Domaine, à entraîner sa popularisation, prémices de sa future démocratisation. C’est ce qu’il raconte dans ses mémoires [22].

Cependant, il n’était pas, par principe, ennemi des restitutions quand celles-ci entraient dans le cadre stricte de restaurations, et les acceptait quand il s’agissait de reproduire de l’existant, sans détenir de toute façon un quelconque pouvoir administratif pour s’y opposer. Cela fut le cas, par exemple, pour le bassin de Neptune dont les bronzes furent en grande partie réalisés par estampage sur des originaux. Si, dans ses mémoires, il se prend à rêver, comme une fantaisie, de la construction du grand escalier voulu par Gabriel et jamais réalisé, peut-être estimait-il que les indications toujours marquées dans la pierre et le projet complet qu’il découvrit lui-même dans les archives constituaient une base suffisamment solide, peut-être aussi parce que l’édifice construit n’aurait pas modifié substantiellement l’esthétique d’un espace vide, dévolu alors aux réserves du musée [23]. Honnêtement, on ne peut pas, à partir de ces quelques lignes, en faire un adepte des reconstructions.

Bien au contraire, il condamnait avec fermeté tout projet jugé « illégitime » destiné à faire renaître ce qui avait définitivement disparu. Ainsi, en 1934, ayant quitté ses fonctions au château, il prit la plume « encore une fois pour défendre la beauté toujours menacée de Versailles » et publia un article, en Une du Figaro, au titre particulièrement éloquent : « Versailles truqué ». Il s’y élevait avec sévérité contre le projet de la « reconstruction scandaleuse » des pavillons du Bosquet des Dômes dont il restait, dans les réserves, quelques débris et qui avait fait l’objet d’une reconstitution sur le papier dont il reconnaissait pourtant toute la valeur [24]. Que n’aurait-il dit pour la grille Royale de Frédéric Didier ?! Etrangement, la condamnation ferme de Pierre de Nolhac sur les restitutions ex nihilo a été soigneusement occultée voire gommée par ses successeurs qui n’ont jamais hésité pourtant à se placer dans son sillage pour crédibiliser leur action.

Du reste, la doctrine de retour à un état Ancien Régime, si elle a pu se justifier du vivant de Pierre de Nolhac alors que le domaine somnolait dans l’indifférence générale et que le vandalisme de re-créations fantaisistes dues aux « architectes de l’Etat » menaçait l’authenticité des lieux, a depuis été largement contredite par toutes les chartes internationales préconisant la préservation et la restauration du dernier état historique connu - ici celui de Louis-Philippe - en dehors de toute considération de style, trop sujette au goût changeant des hommes [25]. Or les dirigeants qui se sont succédés à Versailles depuis la charte fondatrice de 1964 ont toujours fait mine de l’ignorer, s’arrogeant un droit d’exception. Ainsi, à Versailles, depuis quarante ans, la France, avec la bénédiction du ministère de la Culture et de ses institutions de contrôle, piétine superbement les règles internationales qu’elle a pourtant contribué à faire éclore. Il est d’ailleurs sidérant qu’un organisme comme l’ICOMOS [26], gardien de l’éthique patrimoniale à l’échelle internationale, soit, à notre connaissance, toujours resté muet sur une question qui concerne pourtant un site inscrit depuis 1979 au patrimoine mondial de l’UNESCO, les deux institutions étant de plus basées à Paris. Que pensent leurs dirigeants de la politique patrimoniale de Versailles ?

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Arrivée au château de Versailles, juillet 2008 © Louvre pour tous

LE RÈGNE DU FAUX-SEMBLANT
Contrairement à ce qu’on pourrait croire, l’architecte en chef actuel du château n’est en rien un innovateur et la pseudo-authenticité de sa grille n’a rien d’inédit tellement la Restitution, à l’exactitude par essence incertaine, semble être une spécialité maison. A Versailles, beaucoup d’autres reconstitutions l’ont précédé : jardinets du Hameau de la Reine en 1933, chambre de la Reine en 1948 et 1975, grilles des escaliers de Marbre et des Ambassadeurs en 1957, intérieurs du Grand Trianon en 1966, pavement de la cour de Marbre, chambre du Roi, lustres de la Galerie des Glaces, Pavillon frais en 1980, vestibule de Marbre, Galerie Basse et Grand escalier de Gabriel en 1985, Bosquet des Trois Fontaines en 2004, bâtiments de la ferme du Hameau en 2004 et 2007, couleur jaune des fenêtres en 2005, sculpture des trophées en 2006, grille Royale et pavement de la cour en 2008... Notre liste est, sans doute, loin d’être exhaustive.

Mais, aussi fidèles et réussies soient ces restitutions - ce qui n’est pas toujours le cas - devant leur nombre, on en vient à se demander où se niche encore l’authenticité des lieux et si ce qu’admire le visiteur, le plus souvent à son insu, n’est pas plutôt une succession de pastiches qui, avec le temps, gagnent abusivement en crédibilité.

Si la plupart sont nées d’une obsession résurrectionnelle, acceptable moralement tellement la cause semble noble, bien que condamnable déontologiquement depuis la Charte de Venise, la grille Royale, elle, fait partie d’un autre genre de restitutions made in Versailles, celles pour qui l’invocation du retour à un état historique semble n’être que travestissement pour masquer un but platement utilitaire. Car quelle impérieuse nécessité y avait-il à reconstruire cet élément disparu depuis si longtemps ? La motivation historique du « rétablissement » de la grille apparaît comme bien secondaire face à la nécessité de clore et protéger « la zone la plus sensible du château » pour ensuite servir de « clef de voûte du futur dispositif d’accueil du public au Château » dont la présence « régulera les flux de visiteurs et simplifiera les modalités d’accès au château » comme l’indique l’information officielle. On comprend mieux pourquoi son état pré-Révolutionnaire ne pouvait satisfaire ces besoins logistiques. A l’évidence, le redéploiement de l’accueil et l’enjeu sécuritaire ont primé sur la vérité historique.

Frédéric Didier peut faire mine de s’extasier - « Ce qui est passionnant, c’est que cette grille apporte à travers l’histoire des réponses à des besoins actuels » [27] -, sous sa plume, la prestigieuse cour Royale, le Saint des Saints chanté par J.J. Aillagon, devient un banal « vestibule à ciel ouvert à partir duquel les visiteurs munis de leur billet pourront choisir leurs circuits » [28] quand le Rapport d’activités 2006 de l’établissement public de Versailles indique plus prosaïquement sa « mise sous douane (…) concentrant sur un point unique les contrôles de sûreté ». Il en va de même pour le repavage et la remise à niveau des sols de la cour Royale, supprimant « les marches qui avaient été indûment créées (sic) au XIXème » dans le but d’améliorer les « conditions d’accès du public, en particulier des personnes à mobilité réduite » selon F. Didier [29].

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Grille Royale, château de Versailles, juillet 2008 © Louvre pour tous

Non, l’instrumentalisation de l’Histoire n’est pas nouvelle à Versailles et le chantier récent de la cour Royale renvoie directement à ceux menés durant les années mitterrandiennes, sous la direction de Pierre Lemoine et de l’architecte en chef Jean Dumont. Parallèlement à des salles restituées dans leur état 1789, les aménagements les plus spectaculaires n’eurent d’autre but que de permettre un meilleur flux des visiteurs déjà de plus en plus nombreux. L’Histoire servit alors de caution morale pour construire le Grand Escalier de Gabriel, jamais réalisé du temps de Louis XV, afin d’accueillir les groupes et servir, en cas d’incident, d’issue d’évacuation. De même, on restitua la Galerie Basse dans un pseudo-état Louis XIV pour permettre une meilleure liaison entre les ailes Sud et Nord du château, ainsi que le Vestibule de Marbre pour servir d’entrée au niveau de la partie centrale de la Cour de Marbre. La doctrine officielle de retour à un état pré-Révolutionnaire dont se prévalait pourtant, comme ses prédécesseurs, Pierre Lemoine, n’était visiblement ici plus de mise. Face aux critiques, celui qu’ironiquement un confrère dénomma Louis XIX [30] eut, sur un plateau télé, ce mot stupéfiant que pourrait reprendre à son compte Frédéric Didier : « Versailles, je ne le transforme pas, je le termine » [31] !

On voit qu’on est loin du souci d’authenticité d’un Pierre de Nolhac et très loin de l’éthique défendue par les chartes internationales. Ces restitutions utilitaristes et spectaculaires, toutes menées ces trente dernières années dans le but louable d’améliorer l’accueil du public, révèlent une dérive inquiétante dans la gestion d’un site historique national. A Versailles, avec l’assentiment des plus hautes autorités ministérielles et institutionnelles, ce n’est pas la logistique qui s’adapte à l’Histoire mais le contraire ! La grille Royale, de par son faste et sa prégnance visuelle, vient couronner ce processus d’inversion dans l’ordre des priorités, de perversion dans la conception même de préservation du patrimoine [32].

Face à cela, dans un genre mineur puisque moins pérenne, les vraies-fausses restitutions menées sous l’ère Albanel, dans les années 2000, dans un but purement commercial cette fois, semblent anecdotiques : le faux-vrai parfum de Marie-Antoinette produit et toujours vendu au Château, le Rosé issu d’une vigne plantée anachroniquement dans le Hameau, la commercialisation du « Domaine de Marie-Antoinette » même, autant d’opérations marketing qui jettent un peu plus le discrédit scientifique sur un lieu dirigé désormais comme une PME selon l’expression de sa présidente devenue depuis ministre de la Culture [33].

Victime de son succès avec ses huit millions de visiteurs annuels, Versailles, fleuron de l’économie touristique culturelle française, est devenu un parc international de loisirs et d’attractions historiques en concurrence directe et non dite avec un EuroDisney qui en reçoit près du double. Sa mission de conservation patrimoniale s’en trouve pervertie et déplacée pour satisfaire à un goût supposé du public [34] La restitution d’un Versailles Ancien Régime fonctionne ainsi comme un produit d’appel, un argument de vente alors que, paradoxalement, plus on prétend s’en approcher, plus en réalité on s’en éloigne, tellement le résultat en se voulant parfait, propre, rutilant, brillant, figé et fini, se retrouve à l’exacte opposé du Versailles d’antan, chantier perpétuellement vivant, contraire à l’achèvement et à l’ordre. Le Versailles d’aujourd’hui est la réplique d’un passé qui n’a jamais existé autrement que dans nos fantasmes modernes [35]. L’apparence l’emporte sur l’authentique, le clinquant sur le fané, le bling bling sur l’esprit, le décor sur la poésie, la matière sur l’imagination.

Rien d’étonnant qu’aujourd’hui le goût du faux-semblant soit la chose la mieux partagée au sommet hiérarchique du château entre un architecte en chef par ailleurs défenseur de la reconstruction des Tuileries [36] et un patron admirateur de Viollet-le-Duc [37], à la formule restée célèbre : « Restaurer un édifice, ce n’est pas l’entretenir, le réparer ou le refaire, c’est le rétablir dans un état complet qui peut n’avoir jamais existé à un moment donné » [38]. A Versailles, c’est cela même.

:: Bernard Hasquenoph |

:: Louvre pour tous | 26/08/2008 | 17:05 | 3 commentaires

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EN COMPLÉMENT

Depuis la parution de cet article, J.J. Aillagon a clarifié sa position, dans une longue interview accordée à LA TRIBUNE DE L’ART mise en ligne le 29 septembre 2008, se déclarant « par principe opposé à la reconstitution systématique d’éléments disparus », affirmant le devoir « à Versailles, [d’]assumer le collage des siècles » et jugeant inopportun de vouloir « revenir à un état présumé idéal et parfait ». Dont acte.

« J’ai été choqué de voir construire une nouvelle grille archidorée, qui modifie radicalement la façade. Cette folie a été financée par un mécène. Voilà un autre péril plus insidieux, une conséquence de la loi sur le mécénat de 2003. Une loi qui a d’excellents résultats mais aussi un effet pervers : dès qu’on trouve un mécène, les architectes en chef, qui prennent 10 % sur chaque chantier, lui proposent des reconstructions mirobolantes, comme cette monstrueuse grille dorée. » Adrien Goetz in « Adrien Goetz : »Il faut aussi soigner l’âme, l’architecture intérieure", LE MONDE | 16.04.10 D’autres citations sur la grille Royale

En 2003, alors ministre, Jean-Jacques Aillagon s’opposait à la reconstruction des Tuileries : « Comment, enfin, analyser une telle restitution, au regard de la charte de Venise, et comment qualifier cette copie d’une oeuvre essentielle, à jamais disparue dans son authenticité ? » Jean-Jacques Aillagon, ministre de la Culture, JO | 24.03.03

DOCUMENTS
A l’occasion de cet article, nous publions plusieurs documents :
- « Versailles truqué » par Pierre de Nolhac, LE FIGARO | 30.10.1934
- "La cour du château de Versailles avant 1789, description de Jacques François Blondel, 1755
- « Fallait-il reconstruire la grille de Versailles ? » in Connaissannce des arts | 10.07 (fichier ci-dessous)
- « Citations sur Versailles »

PDF - 1.5 Mo
Connaissance des arts | 10.07


VOS COMMENTAIRES


13.05.2020 | Eric |

J’adore ces pseudos historiens intello qui sont contre tout !!! Le plus simple est effectivement de ne rien faire


4.08.2012 | trottier |

le château est enfin délivré se son « surintendant républicain » plus au fait de la bonne société fortuné qu’à des études historiques... Je suis scandalisé par l’utilisation intensive du château : visites dans un brouhaha énorme, gardiens peu au fait de leur fonction, bousculades, objets et tapisseries ou meubles à portée des mains, enfants grimpants sur des statues dans le parc etc... La file des voitures des VIP dans la cour Royale le soir pour des « évènements » mondains est indigne d’un patrimoine commun ; l’utilisation de l’Opéra Royal, très fragile de par ses matériaux qui ont survécu grâce à un certain oubli, pour des concerts ou spectacles souvent de niveaux moyens, mais à un prix prohibitif pour le commun des mortels (70 à 400 euros)confirme la dérive de ce patrimoine désormais géré par des personnages diplomés et « branchés ». Enfin, les toits dorés offrent le matin au lever du soleil sur l’Avenue de Paris un spectacle grandiose et quotidien pour les Versaillais, mais la présence de dizaine de Bus à quelques 100 mètres de ces dorures, laissant leur énorme moteur diésel en permanence fonctionner (climatisation en été, chauffage en hiver) menace ce bel ensemble par cette forte pollution. Quant au lien entre la ville et le château, il n’est guère présent : peu de musique autour et dans le château (sauf le jeudi à la Chapelle Royale et gratuit !!) pas de chevaux, pas d’évocation du passé du peuple qui permit à Versailles de devenir le plus grand château du Monde.....


21.03.2012 | Henri-Pierre | http://crescent.canalblog.com

Cette grille me semble suspecte et surtout me gêne par sa vocation marchande, je suis cependant assez troublé par une illustration de P-D Martin représentant une vue cavalière de Versailles en 1722 et où l’on distingue une grille assez différente il est vrai... Cette vue ferait partie des collections du château


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NOTES

[1] « Des artisans ferronniers à l’oeuvre pour rendre à Versailles sa grille », AFP | 04.07.07.

[2] Le Groupe MONNOYEUR a contribué à la restitution de la grille Royale à hauteur de 3,5 millions d’euros pour un chantier qui aura coûté 5 millions d’euros selon l’AFP (30.06.08), en réalité 10 millions d’euros, le chantier global comprenant « le déplacement et la restauration de la statue équestre de Louis XIV, la restitution de la grille Royale et sa mise en lumière, le rétablissement du niveau d’origine et la réfection du pavage de la cour Royale, le déplacement et la restauration des groupes sculptés la Paix et l’Abondance, l’aménagement dans l’Avant-cour d’un cheminement pour les personnes à mobilité réduite, la mise en place de réseaux enterrés : assainissement, évacuation des eaux pluviales, réseaux électriques » (informations officielles du château).

[3] La fronde était venue de Didier Rykner, historien d’art et fondateur de La Tribune de l’Art qui, dans son article « Domaine de Versailles, ou Versailles-land ? » en mars 2007, qualifiait l’opération de « non sens » et de « vandalisme officiel »(article complété par la brève « Inauguration de la « Grille Royale » à Versailles » en juillet 2008)
Puis, en octobre 2007, Alexandre Gady, docteur en histoire de l’art, maître de conférence à la Sorbonne, spécialiste de l’architecture des Temps Modernes et vice-président de l’association de protection du patrimoine MOMUS, publia une tribune à charge dans le magazine CONNAISSANCE DES ARTS n°653 pour dénoncer une construction, selon lui « monstre anhistorique » ou encore « cache-sexe doré » (article consultable comme document à la fin de notre article). Interviewé dans la foulée par Didier Rykner, il assimile cette tentative de reconstruction « d’après des documents épars à caractère aléatoire » à de la manipulation génétique et parle ni plus ni moins de « viol pur et simple des principes déontologiques les plus élémentaires » : « Interview d’Alexandre Gady, historien de l’art et vice-président de Momus » par Didier Rykner, LA TRIBUNE DE L’ART.
Ce n’est pas faute d’avoir chercher mais il est presque impossible de trouver un seul spécialiste prenant publiquement position en faveur de cette restitution. A notre connaissance, seul Camille Pascal, plus connu comme homme de pouvoir cathodique (actuellement secrétaire général du Groupe France Télévisions) que comme historien ce qu’il est à l’origine (agrégé d’histoire, sa biographie indique qu’il a enseigné à la Sorbonne et à l’EHESS, il est par ailleurs l’auteur d’une biographie d’une maîtresse de Louis XV commençant par ces mots : « De Marie-Louise O’Murphy, l’histoire n’a retenu ni le nom ni le visage, mais le cul. », « Le goût du roi » éditions Perrin | 2006) il publie dans Le Figaro, en octobre 2007, une violente charge contre ceux qu’il nomme les « dévots culturels », dans un style enflammé à la limite de l’insulte, développant des arguments plus politiques que scientifiques : « La restauration de Versailles et le contresens des dévots culturels » par Camille Pascal, LE FIGARO | 14.10.07.

[4] « Des artisans ferronniers à l’oeuvre pour rendre à Versailles sa grille », AFP | 04.07.07.

[5] « Grand Versailles et grand émoi » par Vincent Noce, LIBÉRATION | 01.06.07.

[6] « Château de Versailles, la reconquête du public » par Jean-François Cabestan, AMC LE MONITEUR N°180 | 06-07.08. Cet article, se situant d’un point de vue strictement architectural, est d’autant plus intéressant que l’auteur, pour qui le « faux historique » de la grille ne fait aucun doute, est favorable à l’opération pour la cohérence retrouvée de la composition.

[7] Cette appréciation s’appuie sur l’article 9 de la Charte de Venise : « La restauration est une opération qui doit garder un caractère exceptionnel. Elle a pour but de conserver et de révéler les valeurs esthétiques et historiques du monument et se fonde sur le respect de la substance ancienne et de documents authentiques. Elle s’arrête là où commence l’hypothèse, sur le plan des reconstitutions conjecturales, tout travail de complément reconnu indispensable pour raisons esthétiques ou techniques relève de la composition architecturale et portera la marque de notre temps. La restauration sera toujours précédée et accompagnée d’une étude archéologique et historique du monument. »

[8] « Le château de Versailles retrouve sa Grille Royale », AFP | 30.06.08

[9] « Château de Versailles - Une grille dorée comme une gourmette » par Jean Pierrard, LE POINT | 03.07.08. Un autre article relaie la critique, celle de Didier Rykner, sans pour autant prendre partie : « La grille Royale de Versailles fait débat » , 20mn | 01.07.08. La grille a été présentée à la presse le 30 juin 2008 en présence de Jean-Jacques Aillagon, président du domaine de Versailles, Frédéric Didier, architecte en chef, Michel Perret, directeur des ateliers de ferronerie Saint-Jacques, Fabrice Gohard, directeur de l’atelier de dorure et Baudouin Monnoyeur, président de la société mécène. L’inauguration officielle prévue le 8 juillet, en présence, de Christine Albanel, ministre de la Culture, n’a semble-t-il pas eu lieu, pour une raison inconnue.

[10] « Versailles Nouvelle frontière » par Sophie Flouquet, LE JOURNAL DES ARTS N°285 | 07-08.08.

[11] « Fouilles archéologiques de la Grille royale » par Annick Heitzmann, VERSALIA N°10 | 2007.

[12] Deux articles presque similaires reprennent cette même expression : « Le rétablissement de la grille royale » par Frédéric Didier, MONUMENTAL Dossier Versailles | 2005 ; « La Grille et la Cour royales » par Annick Heitzmann et Frédéric Didier, VERSALIA N°10 | 2007. On retrouve ensuite ce même texte et cette même expression dans les différents dossiers de presse officiels du château concernant la grille.

[13] « Cette restitution s’appuie sur des bases solides et incontestables, fournies par une documentation iconographique particulièrement riche et de grande qualité, comportant des gravures, des dessins, ainsi que des minutes cotées des relevés exécutés en 1771... » in « Le rétablissement de la grille royale » par Frédéric Didier, MONUMENTAL Dossier Versailles | 2005.

[14] Collection Maciet, Bibliothèque des Arts Décoratifs, Paris. Malgré nos recherches, nous n’avons pas réussi à la localiser.

[15] C’est, en tous les cas, ce qui ressort de tous les documents et articles officiels rendus publics. Ont été notamment écartées les dessins de la grille émanant pourtant du projet d’Ange-Jacques Gabriel lui-même, comme celles contemporaines de la pose de la grille vers 1680 dûes à Israel Silvestre. De ce graveur, on reproduit généralement le dessin des cours successives du château où la grille Royale n’apparaît qu’en second plan alors qu’il en existe d’autres où celle-ci se trouve pourtant nettement au premier plan. Celle-ci est visible, comme d’autres d’ailleurs sur le site de l’Agence photographique de la RMN en tapant dans le moteur de recherche « Grille Versailles ».
C’est encore ce qu’affirme Didier Rykner sur son site LA TRIBUNE DE L’ART : « Le dessin, s’il reprend en gros celui de la grille d’origine, est en tout point une interprétation moderne de l’architecte Frédéric Didier ; si celle-ci était effectivement bien documentée, on ne trouve pas deux dessins ou gravures qui correspondent. Il n’y a donc pas une volute, pas un mascaron qui ne soit interprété, parfois d’après des modèles existant ailleurs dans le château ». C’est ce que Frédéric Didier finira par reconnaître, voir la suite de notre article.

[16] « Il s’agit de l’opération la plus spectaculaire et la plus audacieuse jamais réalisée à Versailles » dixit les différents dossiers de presse. J.J. Aillagon, dans sa conférence du 11.12.07, utilise le même adjectif. F.Didier, à la fin d’une interview accordée à L’EXPRESS le 27.09.07, s’enflamme au sujet de toutes les restaurations qu’il mène à Versailles : « Avec les dorures des toits et le rétablissement de la grille royale, ce sera spectaculaire ! ». Dans la même interview, ne va-t-il pas jusqu’à suggérer que son devoir est de donner à voir aux gens ce qu’ils attendent, ce qui est une curieuse conception de sa mission d’architecte des monuments historiques : « Versailles fut à son apogée de 1682 à 1789. Ces cent années ont brillé si fort qu’elles éclipsent tout ce qui a existé avant et après. C’est cet état que le public vient voir et qu’il faut retrouver ».

[17] « La Grille et la Cour royales » par Annick Heitzmann et Frédéric Didier, VERSALIA N°10 | 2007

[18] « Le rétablissement de la grille Royale, disparue pendant la période révolutionnaire, s’inscrit dans la politique générale de restauration menée au château de Versailles depuis maintenant plus d’un siècle. Celle-ci consiste à revenir, chaque fois que cela est possible, au dernier état historique connu de l’Ancien Régime, c’est-à-dire celui de la résidence officielle occupée jusqu’en 1789 par la famille royale et la Cour » Jean-Jacques Aillagon, président du domaine national de Versailles, conférence de presse | 11.12.07. L’architecte en chef, Frédéric Didier, reprend cette même expression dans ses différents articles (cf. plus haut) tout en exposant son projet sans rapport avec l’état 1789.

[19] « Les chantiers de Versailles » in Détente et Patrimoine, interview de Frédéric Didier par Franck Ferrand, EUROPE 1 | 10.08.08. Franck Ferrand est l’auteur du livre « Ils ont sauvé Versailles - de 1789 à nos jours », éditions Perrin, 2003.

[20] « La grille royale a repris vie et forme. Elle est fidèle à ce que Louis XIV avait sous les yeux. Nous renouons avec le Versailles baroque et festif qui était à l’époque une vitrine des métiers d’art français. » Frédéric Didier in « Le château retrouve sa grille en or », par Maxime Fieschi, LE PARISIEN | 01.07.08.

[21] Cf. note plus haut.

[22] « La résurrection de Versailles - Souvenirs d’un conservateur 1887-1920 » par Pierre de Nolhac, réédité par Perrin / La Société des Amis de Versailles | 2002.

[23] Ce projet devait voir le jour dans les années 1980, décidé par Pierre Lemoine, non d’ailleurs sans polémique et sans critiques toujours vives sur son résultat final.

[24] « Versailles truqué » par Pierre de Nolhac, LE FIGARO | 30.10.34. Nous reproduisons ici, pour son grand intérêt, cet article.

[25] Article 11 : « Les apports valables de toutes les époques à l’édification d’un monument doivent être respectés, l’unité de style n’étant pas un but à atteindre au cours d’une restauration. Lorsqu’un édifice comporte plusieurs états superposés, le dégagement d’un état sous-jacent ne se justifie qu’exceptionnellement et à condition que les éléments enlevés ne présentent que peu d’intérêt, que la composition mise au jour constitue un témoignage de haute valeur historique, archéologique ou esthétique, et que son état de conservation soit jugé suffisant. Le jugement sur la valeur des éléments en question et la décision sur les éliminations à opérer ne peuvent dépendre du seul auteur du projet. »Charte de Venise | 1964.

[26] Le Conseil international des monuments et des sites (ICOMOS) est une ONG fondée en 1964, en même temps que la Charte de Venise, pour se consacrer « à la conservation et à la protection des monuments, des ensembles et des sites du patrimoine culturel » et pour « promouvoir la théorie, la méthodologie et la technologie appliquées à la conservation, la protection et la mise en valeur » de ceux-ci. Sur son site internet, on trouve l’intégralité des différentes chartes internationales adoptées.

[27] « La grille royale, clé de voûte du projet Grand Versailles », par L. C.G., L’OBJET D’ART N°415 | 07-08.06.

[28] Articles signés F. Didier cités plus hauts, image reprise dans les documents officiels du château.

[29] EUROPE 1, cf. note plus haut.

[30] « Ils ont sauvé Versailles », p.316, cité plus haut.

[31] Journal télévisé MIDI 2, A2 | 02.06.86.
D’autres exemples de restitutions utilitaires à Versailles : le Pavillon frais, détruit en 1810, reconstruit en 1980 pour « disposer d’un bâtiment d’accueil proche des deux Trianons » in « Le Pavillon frais en son jardin » par Annick Heitzmann, VERSALIA N°10 | 2007, il sert aujourd’hui de débarras et fait actuellement l’objet d’un programme de restauration( !) grâce à un mécénat américain ; idem pour les bâtiments majoritairement détruits de la ferme du Hameau, reconstruits en 2004 pour « permettre à la Fondation [Assistance aux animaux](…) de remplir pleinement sa mission de sensibilisation au monde animal du jeune publicin »La ferme de Trianon" par Pierre-André Lablaude, architecte en chef (pour les jardins à Versailles), MONUMENTAL 2 | 2005, quand ce n’est pas, comme en 2007, pour l’un d’entre eux, pour servir simplement de logement.

[32] Nous ne craignons pas d’affirmer que le choix de François Mitterrand d’oser la pyramide de Pei au coeur du Louvre pour répondre au besoin moderne d’accueil du public du musée était autrement plus courageux, moins trompeur d’un point de vue historique et vivifiant pour le bâtiment même, propulsé ainsi dans l’avenir et non renvoyé vers le mirage d’un passé perdu.

[33] « Il ne faut pas s’y tromper, le château de Versailles est une PME, il est entré dans une logique d’entreprise et, de fait, dans une obligation de résultat. » Christine Albanel, présidente du domaine national de Versailles in « Versailles chantier » par Michèle Leloup, L’Express | 19.04.04.

[34] « Au fil des siècles, Versailles avait subi des changements auxquels on s’était habitué ; or j’ai tenu à revenir à l’ultime état de la résidence royale d’avant la Révolution. Versailles fut à son apogée de 1682 à 1789. Ces cent années ont brillé si fort qu’elles éclipsent tout ce qui a existé avant et après. C’est cet état que le public vient voir et qu’il faut retrouver. » Frédéric Didier, in « Le château côté cour... » par Olivier Le Naire, L’EXPRESS, Dossier « Versailles avant...après » | 27.09.07.

[35] Pour seul exemple, L’avant-cour - entre la première et seconde grille - maintenant parfaitement lisse et dégagée était en réalité encombrée de mille et une échoppes, ce dont se plaignaient d’ailleurs les amateurs comme l’architecte Jacques François Blondel. Nous reproduisons ici comme document ce texte intéressant qui montre à quel point toutes les représentations iconographiques restituaient moins une vision idéale du site que sa réalité. Lire aussi au sujet de ces échoppes le chapitre « Les boutiques du château de Versailles » in « Les inconnus de Versailles » par Jacques Levron, Ed. Perrin, 1968.

[36] Frédéric Didier, ainsi que son confrère également architecte en chef au domaine de Versailles pour le parc et les Trianons, Pierre-André Lablaude, fait partie du Haut Conseil du Comité national pour la reconstruction des Tuileries. Cf. http://www.tuileries.org/.

[37] Jean-Jacques Aillagon, à l’origine professeur d’histoire et géographie, est titulaire d’un Diplôme d’études approfondies de l’Université de Paris X-Nanterre dont le thème était « Viollet-le-Duc et l’enseignement de l’architecture ». Il a par ailleurs été l’un des animateurs de l’association pour le centenaire de Viollet-le-Duc en 1979 présidée par Michel Guy, ancien secrétaire d’État à la Culture. Il fut l’un des rédacteurs de l’exposition qui se tint l’année suivante au Grand Palais.

[38] Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 8, Restauration.
Pour répondre à la critique que Didier Rykner du site LA TRIBUNE DE L’ART émet sur notre article dans la brève où il le signale aimablement, nous tenons à préciser que bien sûr notre intention n’était pas de dénigrer l’œuvre immense de Viollet-le-Duc si tant est qu’on la replace dans son contexte historique. Viollet-le-Duc a sauvé nombre de monuments historiques en les restaurant à sa manière, c’est-à-dire en les interprétant, tout comme Louis-Philippe a donné une nouvelle vie au château de Versailles en le consacrant musée tout en en massacrant les intérieurs XVIIIe.
Il nous a juste semblé amusant et comme une coïncidence intéressante que celui qui préside aujourd’hui aux destinées du domaine soit manifestement un grand admirateur de Viollet-le-Duc quand sa formule la plus célèbre définit parfaitement la situation du château de Versailles au bout de cent ans de restaurations-reconstitutions-restitutions, comme si rien dans l’approche que l’on a de la préservation du patrimoine n’avait évolué depuis.



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