28 oct. 2009 | ALLONS À L’ESSENTIEL en laissant la parole aux Amis du château de Saulxures-sur-Moselotte, situé dans les Vosges près d’Epinal, à l’initiative d’une pétition pour empêcher la démolition programmée de cet édifice inscrit à l’inventaire des monuments historiques depuis 1984. Il est encore temps de le sauver et que Frédéric Mitterrand, le ministère de la Culture et les autorités compétentes prennent le dossier en main :
"Il était surnommé le Versailles vosgien ou le petit Versailles. Mais aujourd’hui, le château de Saulxures-sur-Moselotte, construit sous le Second Empire de 1854 à 1861 sur les plans de l’architecte Charles Perron, est menacé de démolition. En effet, son propriétaire privé a dû se résoudre à l’abandonnner depuis les années 70. Un projet prévoit d’en récupérer seulement les pierres et les statues pour les installer dans une commune voisine ou beaucoup plus loin : en Allemagne ou aux Etats-Unis !
Commandé par la veuve d’un riche industriel, ce château est pourtant un formidable témoignage de l’âge d’or de l’industrie textile. Il n’a rien à envier à ceux des maîtres de forge de la Lorraine du Nord, tant par ses dimensions, son architecture et sa décoration. Parquet en marqueterie, larges cheminées en marbre de carrare, escaliers somptueux, plafonds peints par Félix Haffner, sculptures multiples, tapisseries monumentales, rien n’avait été trop beau pour la construction de cet édifice de style Louis XV, réalisé par les plus grands artistes de l’époque. Les grilles, oeuvres de Desforges, Brochon et des frères Festugières étaient les copies de celles de la place Stanislas à Nancy. Mieux, elles s’ouvraient sur un perron flanqué de quatre splendides cariatides, immortalisant les quatre saisons, oeuvres du sculpteur Georges Clère, un des décorateurs du nouveau Louvre de Napoléon III. C’est la maison Jeanselme Père et Fils, fournisseur du mobilier de la Couronne sous Louis Philippe et Napoléon III, qui meubla le château. A l’origine, deux grandes verrières reliaient le bâtiment principal aux deux dépendances. Un ravissement pour les yeux. C’est pour cela que la revue « l’Illustration » lui a consacré à l’époque plusieurs articles avec des gravures de l’intérieur.
Transmis aux générations suivantes, le château a finalement été abandonné en 1972. Il y a bien eu quelques projets de reprise mais aucun n’a abouti. Naturellement, la pluie et le froid ont réalisé leur sale besogne. Toiture et plafonds se sont écroulés mais il subsisite le gros oeuvre en très bon état avec son soubassement en blocs de granit énormes, ses parements en grès et ses nombreuses sculptures.
Depuis 1984, le château est inscrit à l’inventaire des monuments historiques et non pas classé. Cependant, depuis lors, il n’a pas cessé de se dégrader. Car l’édifice n’étant pas classé, l’Etat ne peut pas imposer d’y entreprendre des travaux. Et pourtant, les prototypes des cariatides en plâtre sont conservés au Louvre. Dans les Vosges, on n’a pas réussi à préserver les originaux...
Mais il est impensable de démonter ce chef d’oeuvre d’architecture surtout dans une région très pauvre en batisses de ce style. Il faut absolument le sauver en sollicitant les communes de la vallée, les structures départementale et régionale ainsi que l’Etat. Ce sera coûteux mais combien ont coûté la réfection des églises et autres ronds points et déviations routières. Par ailleurs, cent millions d’€uros sont bien investis dans le château de Lunéville.
Ce patrimoine inestimable ne doit pas être perdu. Par respect pour les ouvriers qui ont payé de leur sueur sa construction. Par respect pour tous les tailleurs de pierres qui ont façonné les pierres. Par respect pour Jean-Thiébaut Géhin, personnage emblématique de l’industrialisation de la vallée de la Moselotte, né en 1796 à Ventron, qui ouvrit en 1825 à Saulxures-sur-Moselotte la première filature mécanique à moteur hydraulique de l’arrondissement de Remiremont avant de disparaître prématurément à 46 ans, après avoir été maire et conseil général du canton durant ses 12 dernières années. Et par respect pour sa veuve, Elisabeth Géhin, qui a dépensé près de 2 000 000 de F. de l’époque pour ce château alors qu’en 1861, ses deux filatures avaient une valeur de 1 150 000 F. et les deux tissages une valeur de 501 000 F. De plus, à sa mort en 1876, la veuve Géhin légua à la commune 150 000 F. pour la création d’un hôpital et 200 000 F. pour la reconstruction de l’église paroissiale. Sa mémoire mérite beaucoup mieux que la destruction pure et simple de ce château."
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LES AMIS DU CHÂTEAU DE SAULXURES-SUR-MOSELOTTE
Chez Alain Berthelot
88290 Saulxures-sur-Moselotte
Cette association a pour but de sensibiliser le propriétaire, les habitants et les pouvoirs publics sur la valeur historique, culturelle et artistique du château de Saulxures-sur-Moselotte et de développer, en liaison avec les pouvoirs publics, toutes actions susceptibles de favoriser la valorisation ou la sauvegarde de ce patrimoine inscrit à l’inventaire des monuments historiques depuis 1984.
Articles parus dans VOSGES MATIN et reproduits sur le blog Histoire et Patrimoine bleurvillois