Lire cet article qui conforte notre point de vue :
Vent de colère chez les guides du château par François-Xavier Chauvet, LE PARISIEN | 10.06.11
Brouhaha insupportable, touristes pressés comme des citrons, les expositions temporaires nuisent au confort des visiteurs. Les guides-conférenciers sont excédés (...)
02.03.11 | DEUX MOIS ET DEMI, tel aura été le laps de temps qui aura permis aux visiteurs du Château de Versailles d’admirer les Grands Appartements pour ce qu’ils sont, sans autre objet qu’eux-mêmes, ce pourquoi ils attirent des millions de visiteurs par an depuis des lustres, venant du monde entier. Soixante-dix-neuf jours à peine après la manifestation « Murakami Versailles » close au même endroit à la mi-décembre 2010, et l’exposition « Trônes en majesté » débute le 1er mars 2011 pour plus de trois mois et demi. Une quarantaine de trônes de toutes civilisations, de toutes époques et de tous styles sont dispersés de salle en salle, de celui dit de Dagobert au siège 14 juillet designé en 2000 pour le président de la République, tous, y compris ce siège cérémoniel inca ou un tabouret de roi camerounais, sommés expressément de « dialoguer (...) avec le décor du château de Versailles, lieu par excellence de l’exercice et de la représentation du pouvoir » [2].
Que celui qui ne voit pas bien le lien par exemple entre le trône mérovingien de Dagobert et l’environnement XVIIe qui l’entoure aille s’enquérir auprès du président Aillagon qui, par les pleins pouvoirs que lui confère sa fonction modifiée par un décret récent élaboré par lui-même, a seul décidé de la pertinence de cette exposition et de son emplacement [3]. Sans le risque que le public ne soit au rendez-vous puisque déjà là... pour Versailles. Un président d’établissement tantôt présenté comme le commissaire général de l’exposition, tantôt comme le directeur du projet pour qu’au final soit désigné comme le seul commissaire Jacques Charles-Gaffiot (assisté d’une adjointe de conservation du Château) [4]. Quelqu’un dont, étrangement, sur plus de cinquante pages de dossier de presse, on n’indique ni titre ni fonction. Rien, contrairement au scénographe qui a droit à une page entière de présentation. Pas plus n’en apprend-t-on dans la dépêche AFP d’annonce de la manifestation, agence qui, selon son habitude en ce qui concerne Versailles, fait oeuvre servile de communication sans aucun travail d’investigation.
Jacques Charles-Gaffiot est pourtant loin d’être un inconnu pour le maître des lieux. Un homme au profil et au parcours atypique, en réalité sans aucun diplôme en histoire de l’art, ni en histoire tout court (voir plus bas son itinéraire et la genèse de l’expo). Un autodidacte dont la passion érudite est indissociable de ses convictions personnelles, en l’occurrence notoirement royalistes - ce qui, en démocratie, est bien son droit (le contraire a été moins vrai) -, agrémentées d’interprétations tout à fait personnelles assénées comme des vérités savantes que Le Figaro prend pour de la philosophie [5]. Le même, dans le dossier de presse regrette « l’abandon des anciennes valeurs et (...) la montée grandissante d’un individualisme violent » . Il poursuit en vilipendant l’héritage de Mai 68, par une analyse-propagande très choquante pour une exposition d’art, qui plus est dans un établissement public et musée national : « Une grande part de nos difficultés sociales et politiques actuelles peuvent se comprendre à l’aune de cet enseignement et de la confusion opérée aujourd’hui entre autorité et puissance. L’autorité, ne l’oublions pas, permet de dominer les passions et joue un rôle modérateur. Elle soumet la force abusive et fait respecter le droit. Aujourd’hui, c’est à dire depuis Mai 68, le mot « autorité » est assimilé à « autoritarisme ». C’est un contresens. Il est vrai que l’Occident semble fâché avec la représentation de l’autorité ». Un discours réactionnaire et crypto-monarchiste pour une exposition que Jean-Jacques Aillagon présente lui presque comme un appel au vote, ce qui est plutôt comique : « Cette exposition a un intérêt historique évident mais également une véritable portée civique car plus les citoyens comprennent les ressorts de la vie politique et plus ils exercent leurs propres responsabilités de façon pleine et lucide. » [6]. Un choix de personne plutôt curieux de la part du même accusant il n’y pas si longtemps les maudits opposants radicaux de Murakami « éman(a)nt de cercles d’extrême-droite intégristes et de cercles très conservateurs » de vouloir faire de Versailles « le reliquaire formolisé de nostalgies politiques épuisées » [7]. Enfin, un catalogue d’exposition co-édité par un établissement public et un ordre religieux.
Le caractère temporaire de Murakami Versailles, c’était l’argument des plus ardents défenseurs de la manifestation quand des impudents, anti-Art contemporain ou pas, revendiquaient le droit de voir Versailles pour Versailles. On leur répondait alors : « Cela ne dure que trois mois, vous n’avez qu’à venir après ! ». C’était sans compter avec les temps de montage et démontage pour pouvoir espérer voir les lieux « vides », ce pour quoi les gens paient. Très cher. Entre 15 et 18€. Puisque maintenant même le Journal des Arts reconnaît avec nous que Versailles bat tous les records en la matière, parlant même de vente forcée pour le billet forfaitisé imposé à tous, mais nous aurons l’occasion de revenir là-dessus [8]. Une semaine avant le démarrage de « Trônes en majesté », nous sommes venu à Versailles depuis Paris comme nous le faisons régulièrement (6,10€ AR en train), pour avoir droit à une visite des grands Appartements en chantier, encombrés de trônes en installation. Ou encore mieux quant au respect du visiteur : des salles étaient invisibles pour ces mêmes raisons. Mais le pire, c’est peut-être l’exposition elle-même qui, in situ, n’a rien à voir avec le petit film promotionnel que le Château de Versailles a conçu (voir ci-dessous). Par l’idée de placer chaque trône sur des podiums et sous d’imposantes caisses de verre qui ne manqueront pas de créer de multiples reflets comme pour Murakami ou Jeff Konns Versailles, marquant encore plus l’espace de leur présence et empêchant l’intégration au lieu pourtant recherchée. Ainsi, une fois encore, la vision de la Galerie des Glaces, joyau s’il en est de la visite, qui s’apprécie pour sa lumineuse perspective, sera interrompue par plusieurs structures disgracieuses.
Proposer des expositions aux visiteurs du Château est évidemment un plus - on peut ensuite discuter de leur pertinence : ici, comme pour « Versailles photographié », l’accumulation fait-elle exposition ? - mais pourquoi vouloir à tout prix encombrer ces espaces uniques alors que le Château dispose de multiples possibilités d’exposition ? A quoi bon alors vouloir rendre leur aspect d’autrefois à ces Appartements, dépenser depuis des décennies des fortunes pour les entretenir en l’état, les restaurer, en restituer les manques, y faire revenir meubles et objets d’origine s’ils ne peuvent ensuite être livrés tels quels à l’admiration des visiteurs ? Mais l’hyper-président des lieux en a décidé autrement, seul, décrétant qu’« à Versailles, on ne s’arrête jamais ! » [9]. Une omniprésence, une frénésie, une stratégie pour occuper l’espace médiatique jusqu’à la saturation (au bénéfice de qui ? de Versailles ou de lui-même ?). Il devrait pourtant savoir, lui pour qui la valorisation de la marque Versailles est la tâche suprême, que dans le domaine du luxe, la surexposition est la pire des publicités.
UNE PASSION ROYALISTE
Jacques Charles-Gaffiot, 58 ans, n’est ni conservateur de métier ni même historien de formation bien qu’il ait organisé de nombreuses expositions à la mairie du Ve à Paris, au temps de gloire de Jean Tibéri, entre 1987 à 2002, passant, ce qui est pour le moins atypique, de chef de l’inspection du personnel de service, c’est-à-dire de ménage, à l’Hôtel de Ville à directeur du Centre culturel du Panthéon [10]. Une association un temps présidée par Xavière largement subventionnée par la Ville du temps de Jacques Chirac qui, malgré quelques bizarreries, sera reconnue pour sa bonne gestion à l’issue d’un audit demandé par Bertrand Delanoë devenu maire. Le rapport conclura à l’absence « de dysfonctionnement ou d’irrégularités majeures ». Cependant, malgré le dynamisme de ses activités et la qualité reconnue de ses très classiques expositions [11], l’association, trop attachée à l’ancienne mandature, sera sacrifiée par la nouvelle équipe municipale et se retrouvera en redressement judiciaire en 2003 [12]. Jacques Charles-Gaffiot perdra ses fonctions en même temps que sa bibliothèque personnelle de travail raconte-t-il et sera alors détaché à la Maison de Chateaubriand à Châtenay-Malabry, propriété du Conseil général des Hauts-de-Seine, sans qu’on sache quelle fonction il y occupe.
Durant ses longues années passées à la Ville de Paris, Jacques Charles-Gaffiot aura certainement eu à connaître Jean-Jacques Aillagon puisque celui-ci y occupa également des fonctions dans le domaine culturel, d’adjoint au directeur des Affaires culturelles en 1985 jusqu’à en devenir lui-même directeur de 1993 à 1996. Sur son passage à l’Hôtel de Ville, il n’est pas très difficile de reconnaître Jacques Charles-Gaffiot sous les traits du dénommé Camelot, militant royaliste au portrait pittoresque, peu flatteur et parfois même plutôt méchant, dans le livre-témoignage du journaliste Christian Lançon paru en 1997 dévoilant les coulisses pas très ragoûtantes de la maison Chirac [13]. En effet, Jacques Charles-Gaffiot est depuis fort longtemps familier des milieux royalistes. En 1985, à trente-deux ans, il fonde l’association Louis XVI dans le but de « redécouvrir, de façon plus sereine et moins partisane » le roi guillotiné en 1793. Très active en 1993 lors du bicentenaire de la mort du couple royal mené par l’écrivain et fervent royaliste Jean Raspail en réponse au bicentenaire républicain de la Révolution de 1989, l’association organise conférences et visites sans oublier d’inviter aux messes commémoratives jusqu’à en faire publier la liste dans Le Figaro [14]. Commandeur de l’ordre de Saint-Grégoire le Grand, titre décerné par le Vatican, Jacques Charles-Gaffiot est par ailleurs membre de l’Association des chevaliers pontificaux qui se donne pour but de « propager la doctrine de l’Église ».
De par ses engagements, ses multiples activités et centres d’intérêt, il est assez logique de le retrouver invité assez souvent sur Radio-Courtoisie où se croisent royalistes, catholiques traditionalistes et droitiers les plus extrêmes... et aussi Anne Brassié, fer de lance de la fronde anti-Murakami Versailles. Dans son livre, le journaliste Christian Lançon témoigne de la présence régulière du président de l’Association Louis XVI dans l’émission de Serge de Beketch aujourd’hui décédé, haute figure de l’extrême-droite française, aux côtés du légitimiste Daniel Hamiche. Sur le Net, Jacques Charles-Gaffiot a animé un temps l’émission « Parlez-moi d’Histoire » sur la radio en ligne Lumière 101, partageant autrefois une fréquence avec Radio Courtoisie. On le retrouve aujourd’hui chroniqueur sur Culture Mag, revue en ligne qui plaide pour une totale liberté d’expression et qui compte aussi plusieurs collaborateurs de Radio Courtoisie.
Depuis 2003, Jacques Charles-Gaffiot occupe la charge de secrétaire général du Mémorial de France à Saint-Denys. A ce titre, il a organisé les cérémonies du transfert du coeur (présumé) de Louis XVII à la basilique de Saint-Denis le 8 juin 2004, cérémonie monarcho-mondaine rendue préalablement possible grâce au ministre républicain de la Culture de l’époque qui n’était autre que Jean-Jacques Aillagon, lequel, bien qu’ayant ensuite quitté ses fonctions, assista à l’événement en simple particulier [15]. Jacques Charles-Gaffiot participe également aux cérémonies du souvenir attaché à l’enfant Louis XVII au destin tragique organisées par l’association Marais-Temple. Le Mémorial et l’association Louis XVI sont placées toutes deux sous le haut patronage de S.A.R. Charles-Emmanuel de Bourbon-Parme, descendant des rois de France... celui-là même qui attaquera en justice le Château de Versailles en 2008 pour l’exposition sacrilège Jeff Koons et dont Jean-Jacques Aillagon se moque avec délice sur son blog depuis qu’il a appris que le prince fait dans le commerce du préservatif de luxe, ce qui d’ailleurs ne lui porte pas chance puisque la ville de Condom l’attaque en justice pour l’utilisation abusive de son nom ! Jacques Charles-Gaffiot et Charles-Emmanuel de Bourbon-Parme qui rêvent d’un retour de la monarchie, comme dans cette interview datant de 2005. Une passion royaliste qui conduira Jacques Charles-Gaffiot, de manière assez inattendue, à être recruté comme conseiller historique pour le tournage du film « Marie-Antoinette » de Sofia Coppola (en même temps que la délicieuse Evelyne Lever), sans savoir si c’est vraiment un titre de gloire vu les libertés charmantes que la réalisatrice américaine a prises avec l’Histoire.
Pour Jacques Charles-Gaffiot, rien n’est plus insupportable que « les idées reçues, les contre-vérités historiques, les sempiternelles lamentations sur cet ancien régime abhorré » peut-on lire sur l’un de ses sites et honte à ceux qui veulent faire croire, écrit-il ailleurs, « que la geste de nos aïeux est méprisable, couvrant une quantité de crimes abominables, accomplis par des chefs aussi sanguinaires que libidineux » [16]. Un engagement qui le conduira donc naturellement à collaborer au Livre noir de la Révolution française paru en 2008 aux éditions du Cerf. Il y signe en tant qu’historien le chapitre « Je m’appelais Marie-Antoinette Lorraine d’Autriche », plus plaidoyer qu’étude scientifique qui se termine par cette négation de toute recherche historique : « Sans les événements révolutionnaires, Marie-Antoinette serait probablement apparue aux yeux de ses contemporains comme la souveraine la plus contestée des figures royales. Mais la grandeur et la hauteur d’âme avec lesquelles elle subit les conditions de sa détention puis de sa mort la placent désormais au-dessus de toute critique ». Cet ouvrage collectif controversé a été coordonné par le frère dominicain Renaud Escande pour « témoigne(r) de la violence aveugle de l’idéologie révolutionnaire ». L’ensemble, par sa partialité, sonne aussi faux qu’à l’opposé les hagiographies post-Révolutionnaires. Le livre en tous cas fera le bonheur des milieux réactionnaires et vaudra une invitation de Jacques Charles-Gaffiot sur les ondes parisiennes de Radio Banderia Nera, porte-voix du mouvement néo-fasciste italien Casapound.
Etrangement, c’est d’une rencontre en mars 2009 entre le frère Renaud Escande et Jean-Jacques Aillagon que naîtra l’idée de cette exposition de trônes à Versailles dont le catalogue est co-publié aujourd’hui par l’établissement public et cette même maison d’édition, propriété de l’Ordre dominicain, Jacques Charles-Gaffiot y étant présenté comme « historien de l’art et spécialiste de l’iconographie occidental » [17]. Mais cette alliance à première vue contre-nature n’a rien d’étonnant car aucun risque qu’à Versailles, dans l’établissement public du Château, l’Ancien régime ne soit montré autrement que positivement, uniquement ici pour des questions de marketing et d’attrait touristique. De fait, aucune exposition, ni manifestation à Versailles n’échappe à ce côté laudateur de la France des rois. Il n’y a que cet insensé Lorànt Deutsch, pourtant monarchiste, pour avoir osé montrer, lors d’une Nuit des musées à Versailles, « le revers de la médaille » du règne de Louis XIV parlant des centaines de morts et des blessés de guerre que l’on cachait, des prostituées et des vagabonds que l’on internait... Une erreur de casting qui ne se reproduira pas. Pas avec Jacques Charles-Gaffiot, c’est certain.
VERSAILLES LORRAIN
Autre intérêt commun aux deux hommes, le château de Lunéville surnommé le « Versailles lorrain », région où tous deux ont des attaches, d’adoption pour Charles-Gaffiot, de naissance pour Aillagon, ce qui ferait sans aucun doute un beau sujet d’exposition ici [18]. La dernière que Jacques Charles-Gaffiot avait voulu organisé à la mairie du Ve portait justement sur les « Fastes de la Cour de Lunéville ». Prévue fin 2002, l’exposition soutenue par nombre de personnalités promettait d’être un événement, elle fut finalement annulée par le nouveau maire Bertrand Delanoë comme la majorité des expositions prévues dans la Ville par l’ancienne mandature [19]. Puis, en janvier 2003, ce fut le désastre de l’incendie qui ravagea une partie du château et de ses collections, propriété du Conseil général de Meurthe-et-Moselle et du ministère de la Défense. Depuis la Rue de Valois, Jean-Jacques Aillagon réagit immédiatement - quelques heures plus tard, il était déjà sur place - garantissant le soutien de l’Etat pour sa reconstruction, ce qui aboutit à la création, au mois de juillet suivant, d’un Comité d’Honneur pour soutenir une cause considérée comme une priorité nationale.
De son côté, Jacques Charles-Gaffiot réussit à faire publier par un éditeur ami plus que le catalogue de son exposition avortée, un livre en deux tomes signé de nombreux historiens : « Lunéville - Fastes du Versailles lorrain ». Préfacé par l’archiduc Otto de Hasbourg-Lorraine (descendant du bâtisseur du château au XVIIIe siècle), le premier volume l’est aussi de Jean-Jacques Aillagon, ministre de la Culture qui assistera pour la sortie du second à sa présentation dans les salons du Président du Sénat [20]. Lequel Aillagon, devenu président du Château de Versailles, réitérera le geste d’amitié en 2008 en préfaçant un autre ouvrage de Jacques Charles-Gaffiot, cette fois publié par ses soins, « La cour de Lorraine en ses meubles ». Un quatrième livre sur le sujet suivra, cette fois préfacé par Hubert de Givenchy [21]. L’historien par passion piste maintenant depuis dix ans avec une impressionnante détermination, et quelques succès, des objets ayant appartenus au château de Lunéville, pourtant considérés jusque là comme perdus par les spécialistes. Cela lui vaut quelques inimitiés que lui même rapporte dans ses écrits, « d’acerbes critiques » sur la validité scientifique de ses recherches, ce qui a pour conséquence que « certaines portes appartenant à la collectivité publique restent toujours fermées... » se plaignait-il en 2006. Les attaques proviendraient d’un « sérail (...) minuscule, animé par un universitaire, un ou deux affidés et quelques innocentes consciences instrumentées plus ou moins à leur insu. En effet, les travaux que nous avons conduits depuis 2001 sur le château de Lunéville et ses collections sont officiellement vilipendés par ces mandarins. Pour eux, dans ces ouvrages, tout n’est que ramassis d’erreurs et de mensonges » [22]. Une querelle impossible pour nous de trancher sans les connaissances pour cela, d’autant que nous ignorons à qui il fait allusion.
Ce qui reste troublant avec les travaux encore une fois impressionnants d’érudition de Jacques Charles-Gaffiot sur la Cour de Lunéville c’est qu’il gagne évidemment en crédibilité grâce à ses publications communes avec des historiens de renom, aux préfaces de ses livres signées de personnalités le plus souvent politiques et à ses listes de remerciements plus interminables qu’une dédicace de rappeur. Mais tout ceci constitue-t-il un gage de fiabilité ? Toujours est-il qu’une miniature acquise par les Amis de Lunéville dont il fait partie qui souhaitaient en faire don au Conseil général a été refusée pour « absence de données scientifiques » quand, selon un des bulletins de l’association, un tableau signalé par eux et rejeté pour une exposition officielle a finalement été acquise par le musée du château de Lunéville [23]. Pas plus que son Centre n’est recensé dans le Comité d’Histoire Régionale de Lorraine, émanation du Conseil régional [24]. Car, inspiré par l’exemple de Versailles ressuscité grâce aux travaux de Pierre de Nolhac dans les années 1900, il milite pour la restitution du Grand Appartement du château de Lunéville sur la base de ses recherches menées au sein d’un pompeux Centre d’Etudes et de Recherches sur les collections de la Maison de Lorraine et du roi de Pologne qu’il a fondé en 2006, affublé comme toujours avec lui d’un comité scientifique prestigieux, affilié à l’association des Amis de Lunéville placée une fois de plus sous la protection de Charles-Emmanuel de Bourbon-Parme, les deux instances invitant comme il se doit à la messe anniversaire ici du roi Stanislas Leszczysnki.
Mais le plus cocasse au sujet de la présence incongrue de Jacques Charles-Gaffiot dans le Versailles d’Aillagon, c’est les craintes et plaintes qu’il exprime sur le devenir du Versailles lorrain. Ainsi, la description qu’il donne, en octobre dernier dans Culture Mag de l’inauguration de la Chapelle restituée marquant la renaissance du site, est particulièrement savoureuse : « Une fête « à l’envers » était donc proposée à la foule ébahie des visiteurs avec ces funambules qui se déplacent sur la tête, ces « installations » incompréhensibles et grotesques émergeant des bassins, les sculptures « contemporaines » installées un peu partout cherchant à singer les créations de Takashi Murakmi ou de Jeff Koons, puisque le mélange des genres est devenu à présent si la mode et si nécessaire pour apparaître « dans le vent » ! ». Pire, deux autres salles du monument restaurées ont été, selon lui, dénaturées, leur otant tout intérêt patrimonial. Transformées en vulgaires espaces d’accueil, elles ont été « traitées sans aucune référence à leur ancienne grandeur, avec du mobilier résolument contemporain » accuse-t-il. Mais le plus comique finalement reste ce paragraphe : « Venu à Lunéville, au début de l’été, Jean-Jacques Aillagon, consterné par cette évolution si hétéroclite, a écrit, dès son retour à Versailles, à Michel Dinet, président du Conseil général de Meurthe-et-Moselle, propriétaire de cette partie du monument, pour lui faire part de ses réflexions et lui proposer une aide plus avisée. Sa lettre est restée depuis sans réponse ». Pas sûr qu’Aillagon soit le mieux placé pour plaider cette cause, lui le champion tardif du mélange des genres tous azimuts, à l’origine d’une exposition bric-à-brac de trônes de toutes civilisations, de toutes époques et de tous styles dans cadre XVIIe royal dont vous êtes, si je ne m’abuse, le commissaire, Monsieur.
Je ne felicite pas M. Gaffiot pour son exposition, voila un sujet fort interessant mais qui aurait du trouver ecrin plus modeste. Car voila, tourisme de masse imposant, la qualité des objets exposés et leurs signification est passée largement au dessus des touristes (lambdas ou pas ) qui si sont pressés (c’est le mot...) Je regrette simplement que pour s’attaquer à un autodidacte (qu’elle horreur !) On ne trouve qu’à lui reprocher d’ëtre...Royaliste. Et alors ? Ca défrise quelqu’un ? Est-ce la raison pour laquelle cette expo. ne s’imposait peut être pas ? Ridicule. Raisonement puéril et stupide. Oui ! On peut être royaliste et vivre, bien, dans son époque. Et quand je vois comment se débrouille votre république je n’en suis qu’on ne peux plus convaincu.
Olivier, un guide-coférencier qui à poutrtant souffert de l’expo. des trônes.
bonjour
je ne sais pas si ce commentaire sera mis en ligne ... tout dépendra du sens de la justice de mr Hasquenoph. Au pire mon opinion sera confortée.
qu’un ex représentant cégétiste ne puisse admettre les opinions royalistes de Jacques Charles-Gaffiot je peux le comprendre.
qu’un ex salarié de Maxilivre puisse se permettre de juger le commmissaire d’expositions aussi prestigieuses et interesantes que « le Destin des Collections Royales de Versailles à Paris » ou « Moi Zénobie, Reine de Palmyre » me laisse pantois. Quels sont vos propres titres, vous qui êtes si prompt à mettre au pilori un passionné d’art qui n’est certes pas issu du sérail universitaire mais qui a plus oeuvré pour le château de Lunéville que des professeurs d’université envieux et stériles.
pour moi,qui suis de culture anglo-saxonne, un autodidacte passionné et compétent - sinon pourquoi tant d’institutions nationales ou internationales auraient prêté les oeuvres pour l’exposition sur les trônes à Versailles - vaut mieux que des universitaires sclérosés.
voici 30 ans que je vis en France, quel dommage qe les talents quittent ce pays car ils n’ont pas bac + 10.
je ne qualifierai certes pas l’exposition sur les trônes de bric à brac : quelle insulte pour le Vatican ou la Chine qui ont accepté de préter leurs trônes.
acceptez de surpasser d’anciennes rancoeurs qui m’échappent : seuls présent et avenir comptent ou bien ce sera une vie d’aigreur
bien à vous
Christopher, de mes vies antérieures, vous avez omis de mentionner qu’après avoir été représentant CGT, je l’ai été du syndicat SUD :)
Bertrand,
Je crois que le dénommé Jacques Charles-Gaffiot d’un message posté ci-dessous nous en apprend plus sur ses fantasmes que sur la réalité bien plus prosaïque. Si seulement cet internaute est bien qui il prétend être ! Ce qui est plausible, l’obsession du complot étant typique des milieux qu’il côtoie. Au risque de vous décevoir, Bertrand, je suis bien l’auteur de cet article comme de tous ceux que je signe et que j’assume. Non, je ne connais pas personnellement Christian Lançon, auteur du livre que je cite parmi bien d’autres sources dont certaines, d’ailleurs, favorables à M. Charles-Gaffiot que notre internaute ne relève pas. Je possède juste son livre que j’ai acquis il n’y pas pas si longtemps pour 1€ - l’étiquette est encore dessus - dans une solderie boulevard Saint-Michel à Paris. Je l’ai trouvé très agréable à lire mais surtout très instructif. Aussi, quand j’ai cherché à savoir qui était ce mystérieux commissaire d’exposition dont ni le dossier de presse du Château de Versailles, ni la presse dite professionnelle, ne disait rien, après avoir réuni un certain nombre d’informations pas très difficiles à trouver, j’ai rapidement fait le rapprochement avec le personnage haut en couleur du Camelot qu’évoque abondamment cet ouvrage qui n’est pas un roman mais bien un livre témoignage sur le Paris de Jacques Chirac. Désolé, Bertrand, pour cette vérité toute plate. En espérant vous compter toujours parmi nos lecteurs. Cordialement
Eh bien, Bernard, il nous en apprend de belles, M. Gaffiot ! Ainsi les articles que vous signez ne sont pas tous de votre plume... Bon, allez, on vous pardonne, cette pratique est devenue monnaie courante, PPDA ne me démentira pas. Mais n’en abusez pas, hein ! Nous sommes quelques-uns à beaucoup aimer votre plume, la vraie.
« Comme toujours dans ce que fait Bernard Hasquenoph, c’est sérieux et bien documenté. »
Telle est l’appréciation que porte M. Jean-Jacques Aillagon sur une autre enquête du présent site.
Apparemment M. Aillagon a plus de considération pour M. Bernard Hasquenoph que M. Charles-Gaffiot...
Cher Christian L, tout ceci me rappelle le bon vieux temps.... lorsque vous étiez mon collaborateur et que, lors de votre première journée de travail au service des femmes de ménage de la Ville de Paris, vous vous étiez endormi en écoutant ma présentation du service. Je suis très flatté d’être, une fois encore, l’un de vos personnages de roman. A l’occasion, venez prendre un verre. Vous savez certainement où me trouver. Sans nulle rancune pour votre pensum !
Merci de signaler cette aberration qui m’avait échappée.
Visiblement M. Hasquenoph vous profitez de ce site consacré au Louvre pour régler vos comptes personnels avec M. Gaffiot qui offre une belle exposition à Versailles d’objets que l’on aurait bien du mal à voir autrement - pardon pour ce bas peuple dont je fais partie et qui se réjouis de découvrir ces belles pièces.
Et dans ce Versailles, grand oeuvre de la monarchie française, en quoi une exposition sur les Trônes n’aurait-elle pas sa place justement.
Que d’aigreur ! Aigreur de plumitif qui ne saurait en faire le dixième !
[1] Variantes, toujours de J.-J. Aillagon : « (Les protestations) émanent de cercles d’extrême-droite intégristes et de cercles très conservateurs. (Ils voudraient faire de Versailles) un reliquaire de la nostalgie de la France de l’Ancien Régime, d’une France repliée sur elle-même et hostile à la modernité. » Jean-Jacques Aillagon à l’AFP à propos de Murakami Versailles | 27.08.10 / « Bientôt ouvrira l’exposition « Trônes en majesté ». A Versailles, on ne s’arrête jamais ! C’est ça l’esprit de Versailles et non la rumination des stériles regrets d’un passé éteint. » sur son blog | 12.12.10.
[2] Dans le dossier de presse : « Cette exposition fait dialoguer de façon inédite ces objets exceptionnels, souvent des chefs-d’oeuvre, avec le décor du château de Versailles, lieu par excellence de l’exercice et de la représentation du pouvoir. ».
[3] Dans le dossier de presse, J.-J. Aillagon explique : « Le point de départ de ce projet a été la proposition, faite au château de Versailles par les éditions du Cerf, de coéditer l’essai de Jacques Charles-Gaffiot : Trônes en majesté. J’ai immédiatement accepté cette proposition. Trônes en majesté, c’est un sujet qui concerne le château de Versailles, qui fut un lieu d’exaltation du pouvoir et de l’autorité. J’ai toutefois indiqué qu’il serait intéressant que la publication de l’ouvrage soit l’occasion de l’exposition, au Château, d’un certain nombre de trônes, de manière à rendre le propos de l’essai accessible au plus large public (...) Il me semblait important que ces « sièges de l’autorité » soient justement présentés au coeur de la résidence royale, dans le circuit même des grands Appartements, qui ont été les espaces de la représentation de l’autorité royale pendant plus d’un siècle ».
[4] Le programme de la saison 2010-11 du Château de Versailles présente Jean-Jacques Aillagon comme le commissaire général de l’exposition, le communiqué de presse comme le directeur du projet.
[5] « Fondamentalement, le trône invite à l’humilité. Car l’autorité, ne l’oublions pas, permet de soumettre la force abusive par le respect du droit... »
[6] « Des trônes du monde entier au château » par François-Xavier Chauvet, LE PARISIEN | 01.03.11.
[7] Voir citations plus haut.
[8] « L’entrée au musée toujours plus chère » par Sophie Flouquet, LE JOURNAL DES ARTS | 21.01.11.
[9] « Bientôt ouvrira l’exposition « Trônes en majesté ». A Versailles, on ne s’arrête jamais ! C’est ça l’esprit de Versailles et non la rumination des stériles regrets d’un passé éteint. » sur son blog | 12.12.10.
[10] Source principale sur la carrière professionnelle de Jacques Charles-Gaffiot : Who’s who.
[11] « Heureusement, d’autres mairies accueillent de fort belles expositions d’art ancien, comme celle du Ve arrondissement ( !), grâce au dynamisme du Centre culturel du Panthéon. » Adam Guillaume, JOURNAL DES ARTS | 02.03.01 ; « Qui nous rendra les extraordinaires expositions de Jean Tibéri à la mairie du Ve... » Adrien Goetz, L’OEIL, nov. 2003 ; « Signalons cependant, en 1998, Le Tintoret : une leçon de lumière, la petite exposition remarquable comme toujours à la Mairie du Ve arrondissement de Paris. » Michel de Piles, LA TRIBUNE DE L’ART | 25.04.07.
[12] « Le centre culturel du Panthéon en danger », LIBÉRATION | 08.07.02.
[13] « Une taupe chez Chirac - La vie secrète de la Mairie de Paris » par Christian Lançon, éd. Les Belles Lettres, 1997. Le personnage du camelot est évoqué notamment p.19-25, 39-47, 169-178. Il semble n’y avoir aucun doute sur l’identité du personnage : chef du recrutement du personnel de ménage de la Mairie de Paris, président de l’Association Louis XVI, organisateur d’expositions à la Mairie du Ve...
[14] L’association Louis XVI a publié le livre officiel des commémorations de ce bicentenaire, intitulé « L’Histoire retrouvée ».
[15] « Louis XVII, l’atout coeur » par Sophie Blitman, L’EXPRESS | 31.05.04.
[16] Première citation : « Sonnez trompettes triomphantes ! » maisondelorraine.org| 2010 / Seconde citation : « Célébrer le patrimoine : oui, mais quel avenir ? » par Jacques Charles-Gassiot, CULTURE MAG | 17.09.10.
[17] « Juste avant, c’est avec le Père (Frère) Renaud Escande, dominicain, responsable des collections d’art et de philosophie des éditions du Cerf, que nous avons évoqué une publication commune sur les trônes comme siège symbolique de l’autorité. Nous examinons de quelle manière cette publication pourrait donner lieu à une exposition sur laquelle mon compatriote (lorrain) Jacques Charles-Gaffiot (qui a beaucoup travaillé sur Lunéville) a commencé à rassembler des idées et des propositions. » Jean-Jacques Aillagon, sur son blog | 12.03.09.
[18] Jean-Jacques Aillagon, sur son blog, nomme Jacques Charles-Gaffiot le premier son « compatriote (lorrain)->http://jean-jacques-aillagon.typepad.fr/le_blog_de_jeanjacques_ai/2009/03/christophe-camille-trônes.html] » | 12.03.09. J.-J. Aillagon est né à Metz, J. Charles-Gaffiot, lorrain d’adoption, a été au lycée à Lunéville, puis à la Faculté de droit de Nancy.
[19] « Les expositions : sont-elles de gauche, sont-elles de droite ? » par Adrien Goetz, L’OEIL | 11.03. Parmi les parrains de l’exposition « Fastes de la Cour de Lunéville » : l’archiduc Otto de Hasbourg, Christian Poncelet (Président du Sénat), Mrs Gérard Longuet et Michel Dinet (Présidents des conseils généraux de Lorraine et de Meurthe-et-Moselle). Sur le projet de cette exposition, la liste des parrains, la composition du comité scientifique, des musées prêteurs, voir le rapport de la Mairie de Paris, à partir de la p.145.
[20] Le second volume comporte un avant-propos de Renaud Donnedieu de Vabres, successeur d’Aillagon au ministère de la Culture, mais sans les honneurs d’être cité sur la couverture du livre.
[21] « Le Mobilier d’apparat des Palais lorrains » par Jacques Charles-Gaffiot, éd. Serpenoise, 2009.
[22] « Succès de librairie, notre premier tome a néanmoins suscité dans de petits cercles, à Lunéville comme à Nancy, d’acerbes critiques cherchant à discréditer non seulement le travail fourni précédemment et les recherches en cours... » introduction de Jacques Charles-Gaffiot, « Lunéville, fastes du Versailles lorrain » T2, éd. Didier Carpentier, 2006 / La seconde citation provient du texte « Gaffiot, ou le privilège de l’erreur ! » publié sur le site de son Centre de recherches, sans précision de date.
[23] Il s’agit d’une miniature acquise chez Bonhams à Londres pour 7500€, vraisemblablement par Jacques Charles-Gaffiot lui-même pour le compte de l’association des Amis de Lunéville. L’objet aurait été expertisé par Camilla Seymour, expert en miniature du XVIIIe siècle, qui aurait « reconnu dans cette oeuvre non seulement une miniature française réalisée vers 1715 mais a également considéré qu’elle représentait très certainement le duc de Lorraine François III » (Bulletin de l’association).
[24] En revanche, on a trouvé répertorié dans la bibliographie du Comité d’Histoire Régionale le premier tome de son premier livre sur Lunéville mais pas les autres.