27.01.2017 | TOUJOURS PLUS CHER - Ce type d’informations, vous ne les trouverez pas dans ces reportages qui, régulièrement à la télé, prétendent dévoiler la face cachée du château de Versailles, ses coulisses, ses secrets... Marronnier aussi pour magazine en quête de ventes faciles. Rien non plus dans les émissions sépias de Stéphane Bern où tout est si extraordinaire. Pas beaucoup plus, hélas, dans la presse qui, la plupart du temps sur ces questions, se contente de relayer la communication du château, sans trop de vérification ni grand intérêt pour l’expérience réelle du visiteur, comme on l’a vu encore l’année dernière avec l’ouverture du Pavillon Dufour réaménagé censé améliorer l’accueil. Les tarifs ont augmenté ? Pas de communiqué du château, donc pas d’infos dans les journaux, c’est comme ça. Rien non plus sur son site web, et c’est sans doute le pire et la marque d’un total mépris pour son public. Tout comme les réseaux sociaux de l’établissement et le compte Twitter de sa présidente Catherine Pégard qui continuent de dérouler leur conte de fées, nous abreuvant de photos toutes plus belles les unes que les autres, écran de fumée des pires conditions de visite d’un monument national.
Depuis début janvier 2017, les tarifs ont augmenté substantiellement à Versailles. L’entrée au château de 20%, passant de 15 à 18 €, alors qu’une partie importante des espaces visitables est fermée pour travaux (Chambre de la Reine et son Grand Appartement, Appartements du Dauphin et de la Dauphine). Idem pour le Domaine de Marie-Antoinette (Petit et Grand Trianons ainsi que les jardins gratuits jusqu’en 2006) qui augmente de 20%, passant de 10 à 12 €, tout en restant fermé le matin. Ces augmentations sont mécaniquement répercutées sur le Passeport incluant pour la journée visite du château et Domaine de Marie-Antoinette. Celui-ci passe de 18 à 20 €, de 25 à 27 € avec Grandes eaux & Jardins musicaux.
Evolution du plein tarif du Château de Versailles
1930 | 1993 | 1996 | 2000 | 2002 | 2006 | 2007 | 2010 | 2017 |
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2 frcs* | 40 frcs | 45 frcs | 46 frcs | 7,50€ | 8€ | 13,50€ | 15€ | 18€ |
Evolution du plein tarif des Petit & Grand Trianons / Domaine de Marie-Antoinette
2004 | 2006 | 2009 | 2017 |
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5 €* | 9 € | 10 € | 12 € |
Grandes eaux & Jardins musicaux, ces attractions considérées comme des spectacles donc n’appliquant pas les gratuités habituelles, ne sont pas en reste, augmentant selon la formule de 50 centimes à 2 euros. Et s’étendant toujours plus dans la semaine en haute saison. En plus du mardi, voilà le vendredi pour les Jardins musicaux qui, rappelons-le, équivalent aux Grandes eaux sans mise en eau des fontaines, soit une simple promenade dans les jardins avec musique sortant de baffles. Scandaleuse et habile manière de rendre les jardins payants, rêve de tous les présidents successifs du domaine.
Evolution du plein tarif des Grandes eaux musicales
1997 | 2006 | 2008 | 2012 | 2014 | 2017 |
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25 frcs | 7 € | 8 € | 8,50 € | 9 € | 9,50 € |
Evolution du plein tarif des Jardins musicaux
2011 | 2012 | 2014 | 2017 |
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7 € | 7,50 € | 8 € | 8,50 € |
Evolution du plein tarif des Grandes eaux nocturnes
2011 | 2012 | 2014 | 2017 |
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22 € | 23 € | 24 € | 26 € |
De fait, l’accès aux jardins historiques est de moins en moins gratuit, le coût de la visite globale de plus en plus chère, et l’information totalement indigeste. Exemple. En 2017, les Grandes eaux musicales auront lieu tous les samedis et dimanches du 1er avril au 29 octobre, mais aussi tous les mardis du 23 mai au 27 juin, plus ces dates exceptionnelles correspondant à des pics de fréquentation : vendredi 14 avril, jeudi 25 mai, vendredi 14 juillet, mardi 15 août. Les Jardins musicaux, tous les mardis du 4 avril au 16 mai, puis tous les mardis du 4 juillet au 31 octobre et tous les vendredis du 31 mars au 27 octobre (sauf vendredi 14 juillet). Vous avez compris quelque chose ?
En clair, seuls jours de la semaine où les jardins restent en accès libre : le mercredi et le jeudi (sauf le 25 mai), et le lundi mais pas chance, c’est le jour de fermeture du château et du Domaine de Marie-Antoinette. Autant dire qu’encore plus de touristes vont se retrouver piégés les mardis, vendredis, samedis et dimanches de haute saison en découvrant que les jardins sont payants, tellement l’information en amont est indéchiffrable, dispersée et incomplète. A moins que ce ne soit volontaire... Malgré, il faut en féliciter le château, une page de conseils de visite inspirée de la nôtre, beaucoup moins jolie mais qui signale tous les pièges.
FRÉQUENTATION PIRE QU’ANNONCÉE
L’explication de ces augmentations en cascade est évidemment liée à une baisse de fréquentation amorcée en 2015 (-4%), qui s’est aggravée en 2016 (-16%), soit officiellement moins 20% en deux ans. En réalité la situation est pire, car les chiffres annoncés, là comme dans d’autres grands musées nationaux, ne correspondent pas au nombre de visiteurs mais aux visites et activités enregistrées dans les différentes zones du domaine effectuées souvent par les mêmes personnes (château, Petit Trianon, Grand Trianon, Spectacles). Non, le domaine ne reçoit pas environ 7 millions de visiteurs par an comme on le lit partout. Si l’on isole la seule fréquentation du château, plus proche de la réalité, la chiffre tourne autour de 4 millions. Et la chute est sévère : moins 5% en 2015 (4 393 000 entrées), moins 19% en 2016 (3 700 000), soit moins 24% en 2 ans. Presque un quart !
Mais attention, baisse de fréquentation n’entraîne pas forcément celle des recettes. Paradoxalement, en 2015 la billetterie a augmenté de 4%. Pourquoi ? Parce que l’infléchissement de la fréquentation a été plus forte chez les bénéficiaires de gratuités comme le signale le rapport d’activité. En revanche, en 2016, les recettes de billetterie ont bien chuté de 10%, soit un manque à gagner d’un peu moins de 5 millions d’euros nous fait savoir le château.
L’établissement public du château de Versailles a donc choisi de faire payer aux visiteurs le fait de moins venir, au risque d’aggraver la situation en les faisant fuir un peu plus. En priorité, les Franciliens qu’il faudrait justement attirer. C’est ce que dénonce la CGT Culture dans un tract diffusé fin 2016, sans lequel nous n’aurions pas été au courant de ces augmentations. Ainsi apprend-t-on que la décision a été approuvée par le conseil d’administration du château qui comprend représentants de l’Etat et du ministère de la Culture, à l’exception des trois voix des représentants du personnel, seuls défenseurs de la cause des visiteurs. Le syndicat dénonce « un véritable coup porté à notre objectif de démocratisation culturelle » et un abandon de l’Etat, malgré d’ailleurs tous les beaux discours de ses représentants sur l’accessibilité de la culture.
TOUJOURS AUTANT DE FILES D’ATTENTE - En février 2016, lors de la réouverture du Pavillon Dufour réaménagé, on a pu lire partout que désormais, les individuels disposaient d’une entrée unique. Ce que laissait entendre le dossier de presse. Or c’était le cas depuis presque dix ans. Et c’est bien ce choix catastrophique d’une entrée unique inclus dans le schéma directeur du Grand Versailles lancé en 2003 par le ministre Jean-Jacques Aillagon, qui est à l’origine des files d’attente monstrueuses que les visiteurs doivent subir à Versailles en période de forte fréquentation. Parfois plus de deux heures, en plus de celle pour l’achat des billets. Les travaux du Pavillon Dufour, bien que menés pour moderniser et améliorer l’accueil du public, n’y ont rien changé puisque le principe de l’entrée unique n’a pas été remis en question, comme nous le prédisions en 2011 dans notre enquête Accueil du public, le chaos de Versailles. C’est mécanique.
On a donc vu depuis, comme tous les ans, émerger sur Internet des témoignages de visiteurs mi-effrayés mi-en colère, comme aucun autre établissement culturel en France n’en suscite. Comme à l’été 2016 sur un blog qui a entrainé une avalanche de commentaires allant dans le même sens, ou la photo ci-dessus postée à Noël sur Twitter par un visiteur qui parle d’elle-même ou celle de l’association la SPPEF en janvier 2017. Sur Tripadvisor, comme avant les travaux du Pavillon Dufour, les témoignages pullulent, de visiteurs souvent admiratifs de la beauté du site mais estomaqués par la mauvaise organisation qui y règne. Un sentiment résumé par cette réflexion « Très beau lieu mais gestion de la foule catastrophique »
: ici, ici,
ici, ici,
ici, ici, ici,
ici,
ici, ici, ici et tant d’autres... Où sont donc les journaliste qui se sont extasiés sur la rénovation du Pavillon Dufour ?
En interne, le personnel nous a confirmé qu’effectivement rien n’avait changé, ni pour les files d’attente, ni pour la saturation à l’intérieur du château. La situation serait même pire. En effet, la nouvelle entrée du Pavillon Dufour plutôt étroite ne dispose plus que de deux portiques de sécurité contre au moins quatre installés auparavant dans le pavillon de bois qui faisait office d’accueil depuis 2008.
Enfin, pour ne rien arranger, le plan Vigipirate impose un contrôle avant même d’entrer dans le périmètre du domaine, situation que personne n’avait, semble-t-il, anticipé au château. Résultat, une file d’attente de plus se crée au niveau de la première grille, avec contrôle effectué dehors sous une tente blanche de jardin qui protège tant bien que mal les agents, et qui fait le plus bel effet en arrivant.
Si le Pavillon Dufour rénové a permis d’améliorer les services aux visiteurs (en regroupant toilettes, consignes, boutique, restaurant & futur auditorium, tous deux privatisables) et le confort des salariés (comptoirs d’information spacieux, malgré un volume sonore du hall dont ils se plaignent parfois, un sol glissant et vite sali), il était censé répondre aussi au problème crucial des files d’attente. A son arrivée au château en 2012, Catherine Pégard parlait dans son discours inaugural d’une rénovation « qui métamorphosera l’accueil des visiteurs individuels » tout en répondant que les files d’attente s’amélioraient d’année en année (sic) et, dans un dossier de presse, elle écrivait en 2014 : « Faciliter et simplifier l’entrée des visiteurs, depuis que le domaine de Versailles se confronte au monde moderne et en alimente l’imaginaire, comme l’emblème culturel de la France, est une obsession de tous les instants ». Pour sa part, l’architecte Dominique Perrault choisi pour mener à bien ce chantier, déclarait : « L’enjeu fondamental et premier est celui de la gestion des flux ». Même chose du côté de l’entreprise mécène Vinci qui affirmait dans un communiqué, une fois le pavillon livré : « Les travaux menés ont permis d’optimiser la gestion des flux ». En inaugurant les lieux en juin 2016, François Hollande qui reconduit trois mois plus tard Catherine Pégard à son poste, saluait un « exploit fonctionnel ». Autosatisfaction à tous les étages. Questionnée en 2012 par le JDD, rare journal à avoir abordé ces questions, la même Catherine Pégard affirmait on ne peut plus clairement à propos du futur Pavillon Dufour : « Il permettra d’accélérer le processus d’accueil, ce sera un immense changement ». Force est de constater qu’il n’en est rien. Coût des travaux : 26 millions d’euros pour un budget initial de 15,3 millions. Ça fait cher les toilettes neuves.
/Bonjour, je suis allée le11/08/2018 aux grandes eaux nocturnes spectacle magnifique. Mais avant nous sommes passées par les toilettes ce lieu était très sale du mal à comprendre ... ? ,et surtout pour tous les etrangers qui vienne à Versailles, l’image de la France n’est pas belle. En plus le parcours pour voir les fontaines n’est pas très explicite et surtout à la tombée de la nuit les panneaux de certains chemins ne sont pas éclairés.
Versailles : una gestion de la folle catastrophique ! C’est un thème très discuté sur le web. Cette gestion transforme la visite de ce site marveilleux en une journée à oublier à cause de la quantité de monde qui inonde les salles. Mais le pire est l’horaire ! « ouvert jusqu’à 18h30 - entrée possible jusqu’à 18h00 » c’est ce qui est écrit sur tous les dépliants. En réalité, la fermeture des salles commence à 18h00. Et aucune visite n’ est possible après cette heure. Il faudrait au moins le préciser sur les dépliants et le site.... Écrit nulle part !
Ben oui, Versailles est devenu un immense tiroir caisse ; mais qui va s’en plaindre ! Maintenant cette machine s’autofinance et plus. Et que cherchez vous, de l’authenticité, de l’émotion ? Pour ce prix là vous avez le droit au couloir d’une visite à touche touche pour 10 000 personnes sur 5 hectares de planchers. Ne vous plaigniez pas, on s’est battu contre cela ! De rappeler que la courte-pointe sur le lit de la chambre de la reine est originale et terriblement en danger dans ce contexte, que ce truc n’est qu’une grande reconstitution depuis l’après guerre où l’on enferme quelques chefs d’œuvre originaux sans plus de soin. Personne n’a réagi ! Le livre des records par visiteur englouti fonctionne toujours. Je connais des lieux à l’étranger où dès l’entrée au grenier, vous ne quittez pas le XVIIéme siècle. Versailles ne peut plus prétendre à cela. Maintenant qu’il est trop tard. Banco !