27.08.2025 l FLÂNANT UN APRÈS-MIDI D’AOÛT dans les étages de la Grande Galerie de l’Evolution du Muséum national d’Histoire naturelle, j’ai poussé une porte battante à un coin du bâtiment et me suis retrouvé dans l’un des deux escaliers monumentaux distribuant, de chaque côté de la façade, les étages de la Galerie de Zoologie à son ouverture en 1889 et débouchant, sans doute, à l’extérieur sur les escaliers donnant sur le Jardin des Plantes. Des lieux déserts. J’ai eu l’impression de changer d’époque. J’ai tout exploré, paliers et escaliers, avant de tomber sur un employé, surpris de me trouver là, qui m’informa gentiment que ces espaces n’étaient, pour l’instant, plus accessibles au public. Dommage.
La ferronnerie et les rampes sont magnifiques. Sont comme abandonnées là des vitrines vides, des maquettes, les 24 meubles commandés par Louis 18 pour conserver la collection de minéralogie du comte de Bournon et classés Monuments historiques, les 28 bustes de « grands savants » naturalistes commandés par l’Etat entre 1901 et 1909, stockés durant la Première Guerre mondiale dans les caves du bâtiment avant d’être oubliés, puis redécouverts lors de la rénovation de 1990 et exposés là, certains restant non identifiés. Une ribambelle de naturalistes, zoologistes, botanistes, entomologistes, géologues, minéralogistes, physiciens, médecins... sans une seule femme.
Au rez-de-chaussée, outre deux statues de chasseurs à demi-nus censées représenter la domination de l’Homme (l’homme) sur l’animal et la nature, on découvre avec stupeur les caveaux de Guy de la Brosse (1586-1641), fondateur du Jardin des Plantes, et de Victor Jacquemont (1801-1832), « voyageur » du Muséum mort très jeune, des plaques, celle en hommage à Louis Jules André, architecte « de cet édifice » et une autre, étonnante, des deux auteurs de la rénovation de 1987-1994, Paul Chemetov et Borja Huidobro, ornée de la phrase suivante, sorte d’oxymore patrimonial : « Conserver c’est transformer ».
Enfin, remisée contre un mur, on admire une statue majestueuse du plus célèbre directeur du muséum, Buffon (1707-1788) sculptée par Pajou à la demande de Louis 15, avec cette devise « MAJESTATI NATURAE PAR INGENIUM » (Un génie égal à la majesté de la Nature), une plaque en marbre nous apprenant que son cervelet a été déposé ici, le 17 octobre 1870, dans le piédestal 🧠