17.02.2010 | DEPUIS QUELQUES SEMAINES, la micro-planète web muséophile s’agite autour de la première soirée gratuite du jeudi 18 février, réservée aux « fans » de la page Facebook d’un musée, en l’occurence celle des Arts Décoratifs qui, sur le Net, comptabilise près de 3000 membres, et compte, à Paris, plusieurs établissements : les musées de la Publicité, de la Mode et des Arts Décoratifs rue de Rivoli et le musée Nissim de Camondo, près du parc Monceau.
Persuadé que la soirée sera sympathique pour ses participants - dont nous serons peut-être nous-même -, on se demande pourtant en quoi c’est un événement aussi extraordinaire. Au point que paris-art.com suivi d’artclair.com y consacrent chacun un article.
Car un musée organisant une soirée pour quelques happy fews, n’a rien de vraiment très original. On connaissait déjà les soirées Étudiants, les soirées Entreprise... La seule particularité ici, c’est le mode d’invitation, via la page Facebook du musée, qui vient se substituer aux invitations offertes jusque là, par exemple, par un magazine ou une radio.
Autant, comme le dit Diane Drubay de Buzzeum, Facebook, puisque c’est actuellement le site de partage à la mode, permet de créer un vrai lien avec des personnes intéressées par un musée et sa thématique, d’échanger au-delà de la distance géographique, de discuter entre passionnés etc, - et il est vrai que le Facebook des Arts Déco, animé par son webmaster Fabien Escalona, est particulièrement actif, notamment avec son jeu régulier d’un objet à découvrir qui fait se creuser les méninges des plus férus - autant organiser une soirée in situ est pour le coup excluante pour toutes les personnes qui ne pourront s’y rendre pour des questions bêtement d’éloignement.
Ainsi la réflexion de Béatrice, fan Facebook Arts Déco, réagissant à une relance d’invitation à la soirée, résume bien la situation : « Merci de ne pas retourner le couteau dans la plaie pour nous autres, pauvres malheureux de provinciaux, qui n’avons pas la possibilité de monter à la Capitale un jeudi soir...Vraiment trop injuste ». C’est bien là toute l’étrangeté de l’initiative, paradoxale pour le web, qui ne profitera finalement qu’à quelques uns, locaux et privilégiés. C’est inventer en quelque sorte la web-mondanité.
Que l’appartenance à la page Facebook d’un musée apporte des avantages, pourquoi pas, comme des réductions tarifaires pour ses collections ou ses expos (qu’une personne éloignée pourrait alors utiliser en venant sur place), sur les objets vendus dans la boutique du musée ou je ne sais quoi d’autre offert à distance, autant il est finalement bizarre de recréer des soirées VIP pour, finalement, qu’une petite partie de ses « fans ». A moins que ce ne soit juste qu’un coup publicitaire, du marketing, pour faire moderne.
Dans ce cas, la vraie modernité, pour les Arts Déco, serait d’appliquer la gratuité pour tous, les premiers dimanches du mois, chose que sa direction se refuse obstinément à faire au prétexte que son établissement n’est pas stricto sensu un musée national. Ca, ce serait classe, non ?