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La gratuité des musées à l’agonie

Bernard Hasquenoph |

Louvre pour tous | 7/10/2008 | 19:21 |


Faute d’appliquer la promesse électorale du candidat Sarkozy, Christine Albanel s’apprête à annoncer des mesures poudre aux yeux comme la gratuité pour les professeurs déjà décidée

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Musée du Louvre © Louvre pour tous

07.10.08 | ACHEVÉE EN JUIN, le ministère de la Culture n’a toujours pas communiqué les résultats de l’expérimentation de la gratuité des musées menée durant six mois dans une dizaine d’établissements nationaux ; pas plus que la ministre Christine Albanel n’en a tiré de conclusions ni encore moins rendu public ses décisions.

L’annonce pourtant prévue, selon le Figaro, le 17 septembre dernier, a été « décalée à une date ultérieure » sans autre précision [1]. Le 26 septembre suivant, lors de la présentation de son budget pour 2009, la ministre de la Culture y a fait une courte allusion indiquant seulement que ses propositions avaient été transmises « au Premier ministre et aux autres ministres concernés » pour un retour les prochains jours [2]. Rien dans l’agenda de la ministre, pour la semaine à venir, n’y ressemble.

3 MILLIONS D’EUROS PAR LA FENÊTRE
Aussi, malgré les dénégations officielles, on peut supposer que le projet est quasi enterré, le budget 2009 faisant l’impasse sur une mesure dont l’application coûterait dans ses plus basses prévisions 150 millions d’euros tandis que la part consacrée à la démocratisation de la culture continue, elle, de baisser inexorablement d’année en année, contredisant tout le discours prôné par l’UMP depuis la campagne présidentielle [3].

Cette expérimentation imposée à une ministre opposée idéologiquement au principe de gratuité, et qui n’aura eu de cesse de le torpiller durant toute la durée du processus [4], n’aura donc été qu’une giga opération d’illusion pour donner semblant de corps à une promesse du candidat Sarkozy se révélant à l’arrivée démagogique. Une gratuité sans mesure d’incitation et d’accompagnement à la visite au musée, on le sait, ne rime strictement à rien. Une jolie mascarade qui aura coûté la bagatelle de 2,3 millions d’euros, plus 85 000 pour la seule évaluation confiée à une société privée [5], toutes les études sur l’effet gratuité existant pourtant déjà, la plus conséquente publiée par le même ministère de la Culture en 2006 [6].

DES MESURES POUDRE AUX YEUX
Fort à parier que seront annoncées des mesures périphériques comme la ministre l’évoquait déjà au Sénat le 26 mars 2008, préconisant, alors que l’expérimentation n’était pas même terminée, « un arsenal de dispositions tarifaires adaptées » plutôt qu’une « solution globale ». Parmi celles-ci, on trouvera sans doute des gratuités ciblées et limitées dans le temps, comme il en existe déjà dans les grands musées, par exemple des nocturnes hebdomadaires gratuits pour les moins de 26 ans, mesure sympathique mais quelque peu contre-productive puisqu’elle doit probablement drainer la part d’entre eux la plus sensibilisée à l’univers muséal vu le type de communication choisi pour l’en informer.

L’absence de contenu substantiel à la future annonce ministérielle explique aussi sans doute le retard à l’allumage de la gratuité accordée à tous les professeurs dans tous les musées et monuments nationaux, décision censée s’appliquer dès cette rentrée, prise et annoncée en Conseil des ministres le 30 janvier 2008. Une pseudo-mesure ne faisant que rétablir un droit dont bénéficiaient les enseignants il n’y a encore pas si longtemps et qu’ils n’auraient jamais dû perdre. Ne restent que quelques musées obstinément réfractaires à une mesure pourtant très service public [7] et la centaine de monuments nationaux qui n’attendent qu’une note du ministère pour s’y conformer en réintégrant les enseignants dans un droit perdu en 2004 pour ne bénéficier depuis que d’un mesquin tarif réduit sur décision du même ministère [8].

Des mesures poudre aux yeux donc certainement à venir pour une véritable politique d’accès à la culture restant à inventer ; faute de mieux, une alternative à créer avec, par exemple, la mise en place d’un simple Pass-InterMusées à un coût raisonnable comme il en existe déjà pour les touristes sur une courte durée. Eh non, pour les résidents à l’année, français ou étrangers, ça n’existe même pas.

:: Bernard Hasquenoph |

:: Louvre pour tous | 7/10/2008 | 19:21 |

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