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Centre Pompidou, qu’es-tu donc devenu ?

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Bernard Hasquenoph | 7/12/2009 | 00:04 |


En mésestimant la crise qui secoue Beaubourg, la droite risque de saborder son plus beau rêve culturel. D’année en année, ce subversif supermarché de l’Art et du Savoir s’est éloigné de son acte fondateur basé sur le libre accès et la gratuité, la culture pour tous
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Flash-mob devant le Centre Pompidou en soutien à la grève | 09.12.09 © DR

GRÈVE DANS LES MUSÉES / LOUVRE POUR TOUS CITÉ ICI OU LÀ
FLUCTUAT.NET :: 17 déc. 2009 :: « Beaubourg, fer de lance de la grève des musées, rouvre ses portes »
MOUVEMENT.NET :: 15 déc. 2009 :: « Un nouveau ministre de la Culture : M. Sourde Oreille » par Jean-Marc Adolphe
THE FASTER TIMES :: 13 déc. 2009 :: « The Pompidou Center Versus La Culture des Riches » par Caroline Rossiter
NOUVELOBS.COM :: 10 décembre 2009 :: « Une centaine de personnes crie »Non, non, non« devant le Centre Pompidou » par Malika Elkord

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© Bernard Hasquenoph

07.12.09 | LA GRÈVE QUI A DÉMARRÉ le 23 novembre parmi le personnel du Centre Pompidou pour s’étendre à d’autres établissements nationaux révèle le profond malaise qui règne dans les établissement culturels nationaux. Ce mouvement va bien au-delà d’une simple question de suppression de postes qui n’est pas le moindre mal et qui aura forcément une incidence sur le fonctionnement de ces établissements, leur mission scientifique et l’accueil du public.

Cette réduction du personnel basée très habilement, non sur des licenciements secs comme dans le privé mais sur le non renouvellement de postes d’un départ à la retraite sur deux, est l’une des conséquences de la réforme d’Etat (RGPP) [1]), entreprise sarkozienne de « modernisation » des services publics qui, appliquée à la Culture, prétend « améliorer l’efficience de la politique culturelle, afin de mieux prendre en compte les attentes des publics, des artistes et des professionnels » [2].

MOINS D’EMPLOIS POUR PLUS DE PRÉCARITÉ
Pourtant, le Centre Pompidou n’est pas vraiment en sureffectif quand, depuis 2000, son personnel est en baisse constante et qu’il fonctionne largement, comme tous les autres établissements culturels d’Etat, grâce au concours de vacataires et autres contrats précaires, ce qui constitue une vraie contradiction. On se souvient, lors des dernières Journées du Patrimoine, des cris de protestations qui avaient recouvert aux abords du ministère de la Culture les échanges avec la presse d’un Frédéric Mitterrand fraîchement nommé. Celui-ci avait alors ironisé très finement sur un « monument du patrimoine français, les gens qui râlent ». En l’occurence, il s’agissait de « vacataires permanents » selon la terminologie administrative, certains depuis près de 10 ans, travaillant dans les plus beaux monuments de la capitale pour moins de 700€... Tous les établissements culturels publics sont touchés par le fléau de cette précarisation institutionnalisée.

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Centre Pompidou en grève | 03.12.09 © Bernard Hasquenoph

En 2006, sur la base de son dernier rapport d’activité rendu public, le Centre Pompidou employait 1 012 agents permanents pour 1055 en 2000 dont 16 en contrat à durée déterminée (CDD) pour 81 en 2006. A quoi il faut rajouter, pour cette même année, 2 012 contrats de vacation [3] !

La célèbre bibliothèque de Beaubourg (BPI) également concernée par la réforme compterait actuellement 247 agents. Une quarantaine de postes seraient menacés quand, dans le même temps, la bibliothèque emploierait en permanence 90 vacataires à mi-temps ! Où est la logique ? Dans un tract, le personnel de la BPI pose la question simplement : « Comment croire que nous pourrions offrir un meilleur service public avec moins de professionnels ? ».

En 2010, pour le Centre Pompidou, on sait que 18 postes seront d’ores et déjà supprimés et, à partir de 2011, le non remplacement d’un départ à la retraite sur deux équivaudra, compte tenu de la forte proportion de quinquagénaire parmi le personnel pour beaucoup présents depuis l’ouverture en 1977, à la disparition de 400 postes sur dix ans [4]. Comment ne pas reconnaître l’absurde mécanique de cette réforme ! Le pire étant qu’en 2006, un accord social avait abouti à Beaubourg à l’élaboration d’un plan de recrutements de 65 emplois sur trois ans ... qui disparaîtront donc dans la broyeuse de la RGPP.

Que le Centre puisse fonctionner avec des centaines de postes en moins n’est tout simplement pas crédible. En réalité, ce qui se profile - et cela est vrai pour toute la fonction publique - plutôt qu’une disparition nette des emplois, c’est leur transfert progressif vers des contrats de plus en plus flexibles quand ils ne seront pas tout bonnement confiés au privé via la sous-traitance comme cela se pratique déjà dans nombre de musées pour des services comme le nettoyage ou la sécurité. On serait curieux de connaître la situation actuelle de ce point de vue à Beaubourg.

Cette externalisation de l’emploi aura pour conséquence inévitable une dégradation de la qualité de service par la dilution des responsabilités et des recrutements de moins en moins sélectifs. Avec un avantage certain pour les directions : une atomisation de la masse salariale accompagnée d’un affaiblissement des forces syndicales plus présentes dans le public que dans le privé. Des syndicats qui, pour la droite sarkozienne, sont d’insupportables empêcheurs de tourner en rond. Ou comment transformer des institutions culturelles, formidables aventures collectives au but désintéressé, en entreprises rentables où chacun entre en rivalité avec l’autre, salarié contre salarié, musée contre musée. N’est-ce pas là le vrai but de la RGPP ?

LA GRATUITÉ DANS LES GÈNES DE BEAUBOURG
Si, côté salariés, la situation n’est pas franchement encourageante, côté public, elle ne l’est plus depuis un certain nombre d’années. Avec, pour indice révélateur, l’augmentation substantielle du billet d’entrée du musée national d’Art moderne passé de 5,50€ en 2003 à 12€ aujourd’hui, soit une progression de 120%. Procédé magique d’un forfait oscillant selon les périodes de 10 à 12€, pack incluant en un billet unique collections permanentes du musée et expositions temporaires quelles qu’en soient leur taille. Jusqu’en 2006, la grande exposition annuelle était visitable isolément pour 8,50€.

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Centre Pompidou en grève | 03.12.09 © Bernard Hasquenoph

Présentée par la présidence du Centre comme la possibilité, pour le public, « de découvrir plus largement la richesse de la programmation proposée », la réalité plus terre-à-terre était d’en faire augmenter mécaniquement les recettes, le visiteur du musée ou celui de l’exposition payant chacun plus cher qu’avant, sans plus aucune liberté de choix. Ce qui est, à n’en pas douter, le total opposé d’une politique de démocratisation culturelle qui se doit d’être basée sur l’incitation, l’encouragement et l’invitation, plutôt que sur l’obligation et la vente forcée. Sans compter que la mesure est probablement illégale au regard du Code de la Consommation, de par l’interdiction de l’article L122-1 de la pratique de vente subordonnée qui contraint le « client » à acheter plusieurs services pour ne profiter que d’un seul. Sans qu’on puisse trouver ici d’excuses matérielles, les lieux étant malléables à souhait, comme nous l’a répondu la Répression des fraudes pour le Château de Versailles qui depuis peu, a épousé la même pratique de vente inacceptable.

En augmentant toujours plus le droit d’entrée au musée, le Centre Pompidou s’éloigne ainsi toujours plus de sa vocation originelle, qui était d’ouvrir les portes de la Culture à tous les publics, avec le moins d’obstacle possible. Décidé en 1969 par le nouveau Président de la République, Georges Pompidou, on a pu dire que Beaubourg était la réponse culturelle d’une droite progressiste à l’utopie libertaire d’un encore tout frais mai 68. Nous en voilà aujourd’hui extrêmement loin. Pourtant un esprit de « contre-culture » y a soufflé dans les tuyaux assez longtemps comme le rapporte il y a quelques jours sur son blog l’ex-critique d’art de LIBÉ, Elisabeth Lebovici.

Le bâtiment signé des architectes Renzo Piano et Richard Rogers tant décrié lors de son édification reflétait à merveille ce concept subversif de par sa totale transparence, à l’opposé de toute monumentalité opaque associée à l’idée de musée. Renzo Piano a multiplié les déclarations en ce sens, affirmant « avoir voulu démolir l’image d’un bâtiment culturel qui fait peur », poussant la provocation jusqu’à reprendre à son compte la critique principale de ses opposants : « On nous a dit très souvent qu’on était en train de construire un supermarché... la chose m’avait plu car personne n’a peur d’aller à l’hypermarché » [5].

Cette volonté d’accessibilité et de fluidité entre les différentes composantes de l’établissement poly-culturel devait se traduire, à l’origine, par une totale gratuité des activités proposées. C’est Robert Bordaz lui-même qui le révèle dans un livre de réflexions et de souvenirs. Conseiller d’État nommé en 1970 par Pompidou pour mener à bien le projet auquel ce grand amateur d’art contemporain tenait tant, il fut le premier président du Centre de 1972 jusqu’à son ouverture en 1977 :

"La gratuité de l’accès à la plupart des espaces du Centre donne son entière signification à la permanence de l’ouverture. C’est en réalité un des éléments essentiels de la nouvelle culture que nous souhaitons. C’est bien à tort que l’opinion générale admet que les productions gratuites n’ont pas d’audience auprès du public, qu’elles se trouvent dépréciées. La culture que nous préconisons doit être ouverte au public. Constituant un élément de la vie, elle doit l’accompagner à tout moment, dans les heures tristes comme dans celles où la fantaisie et l’inspiration nous guident.

Par exception, le Musée et les exceptions temporaires sont payantes. A notre grand regret pour le Musée ! Les pouvoirs publics n’ont pas jugé possible d’appliquer au Musée d’Art Moderne d’autres règles que celles adoptées pour celles du Musée de France. La conséquence est que le quatrième et le cinquième étage où siègent le Musée et les expositions temporaires, sont moins fréquentées que le reste du bâtiment. Les difficultés d’accès qu’ils présentent ne suffisent pas à expliquer la moindre venue du public.

Nous souhaitions de toute manière, créer au Centre un système de laisser-passer d’une durée d’un an, pour créer un lien entre le public et nous : des informations périodiques sur les manifestations du Centre seraient données aux titulaires de laisser-passer : date et ouverture des spectacles, des diverses expositions. En outre, nous comptions leur donner des conditions spéciales pour l’accès au théâtre. Nous avons, dans ce dessein, accordé l’entrée gratuite du Musée et des expositions temporaires aux titulaires des laisser-passer. Mais, quels que soient l’intérêt et le succès de cette formule, nous regrettons vivement que le principe de la gratuité du musée n’ait pu être adopté."
 :: Robert Bordaz, « Le Centre Pompidou, une nouvelle culture », éd. Ramsay, 1977

En 2009, que reste-t-il du rêve pompidolien qui faisait dire à Françoise Giroud, secrétaire d’État à la Culture, au lendemain de l’ouverture du Centre au public : « On y entrera comme on entre chez soi » [6] ?

La BPI, composante la plus connue du Centre, bibliothèque gigantesque totalement en libre accès, a heureusement jusqu’ici pu sauvegarder son principe fondateur. Jusqu’à quand ? Cependant, depuis 2006, on n’y accède plus par la piazza, au pied de la façade du Centre puis en empruntant le célèbre escalator extérieur mais, plus confidentiellement par la rue Beaubourg, à l’arrière du bâtiment. Si cela améliore sans doute la gestion du flux des usagers, cela ne règle pas la question de l’inconfort des files d’attente à l’extérieur, dans un endroit plutôt sinistre et ouvert à tous les vents. Plus dommage, cela tue le principe de liaison entre les différents espaces et activités du Centre qui était sa raison d’être. L’usager de la bibliothèque n’a plus d’autre moyen pour accéder au reste des services proposés que de quitter la bibliothèque pour déboucher dans l’immense hall d’accueil, forum d’où sont distribués ensuite les différents espaces. Mais l’usager ne peut plus retourner à la BPI qu’en ressortissant du bâtiment, en en faisant le tour, en refaisant la queue, etc. Pas franchement pratique. De fait, les différents publics du Centre, usagers de la BPI, touristes, amateurs d’art, se croisent sans plus se rencontrer et sans qu’ils aient le loisir de changer de but de visite au hasard de la circulation.

Le fameux escalator, zigzagant sur la façade de Beaubourg jusqu’à en devenir la signature graphique, distribue tous les étages jusqu’au sixième où s’offre aux visiteurs un magnifique point de vue panoramique sur Paris. Gloire du Centre Pompidou depuis son ouverture, l’endroit n’est plus accessible gratuitement depuis 2000 alors qu’il constituait sans doute le meilleur appât pour oser entrer dans les lieux et se laisser surprendre par ce qui s’y passe. Le panorama n’étant plus accessible qu’en s’acquittant d’un droit d’entrée pour le musée et les expositions, devant les protestations des visiteurs du monde entier, la direction fit depuis une demi marche arrière, en proposant un mesquin billet Panorama à 3€, transformant un lieu d’expérimentation culturelle en site touristique.

UN MUSÉE D’ART MODERNE SOUS-FRÉQUENTÉ
Reste la question du musée et des expositions. Chaque année, le Centre Pompidou, comme ses confrères, rend public ses chiffres de fréquentation annuelle qui depuis environ dix ans, dépasse les 5 millions de visiteurs, ce qui le place aux premiers rangs des établissements culturels français après le musée du Louvre ou le domaine de Versailles. Mais, pour le Centre Pompidou, le chiffre recouvre en fait l’ensemble des visiteurs du Centre, toutes activités confondues y compris les usagers de la BPI. Et on est très étonné de se rendre compte que ceux du musée proprement dit n’en représentent qu’à peine un cinquième, dépassant difficilement le million d’entrées. Et même en rajoutant les 1,6 millions de visiteurs pour les expositions temporaires de 2006, on est loin, très loin des plus de 8 millions du Louvre.

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Le Centre Pompidou | 03.12.09 © Bernard Hasquenoph

Mais le plus stupéfiant est de réaliser que le musée national d’Art moderne du Centre Pompidou a fait moins d’entrées en 2006 qu’en sa première année d’ouverture, en 1977, avec moins de jours d’ouverture. En réalité, en trente ans, sa fréquentation n’a jamais progressé. L’échec analysé par Robert Bordaz dès le départ s’est confirmé d’année en année, sans que rien, manifestement, ne soit mis en place par les directions successives comme réponse tarifaire. Dans les vingt premières années, les usagers de la bibliothèque représentaient jusqu’à plus de 60% de l’ensemble des visiteurs du Centre pour très fortement diminuer après l’an 2000. Les visiteurs du musée ont, eux, toujours été minoritaires, alors que sa fréquentation aurait logiquement du être exponentielle. Dans les années 90, elle a même dangereusement chuté et la réouverture du musée en 2000, après d’importants réaménagements, a permis de retrouver une fréquentation standard, sans plus.

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Tableau, annexe 10 du rapport d’activité 2006 du Centre Pompidou © DR
Malgré des communiqués triomphateurs de sa présidence, en 2007, le Centre a accueilli 5,5 millions de visiteurs dont 1,2 millions pour le musée et 1,6 millions pour la BPI. Idem globalement pour 2008.

Au regard de ce tableau de la fréquentation du Centre sur trente ans, il semble plus qu’illusoire d’imaginer que celle du musée national d’Art moderne puisse enfin décoller en augmentant son droit d’entrée de 120% ! C’est un véritable non-sens. Le seul avantage pour la communication du Centre est de pouvoir jongler avec les chiffres d’espaces d’exposition fondus en un même billet. Depuis l’instauration de ce forfait unique, la fréquentation tant des collections permanentes que des expositions temporaires aurait légèrement augmenté, ce dont s’enorgueillit la direction du Centre alors qu’il s’agit d’un phénomène artificiel, sans qu’il soit possible de distinguer la présence de visiteurs due au hasard de la circulation à des actes de visites réellement volontaires. Finalement, chaque espace profite de la présence de quelques visiteurs de l’autre. C’est ce qu’on appelle les vases communicants.

UN ÉTABLISSEMENT AU BORD DE L’ASPHYXIE
Le Centre Pompidou, comme ses confrères soumis par leurs statuts à un régime d’autonomie, est poussé à développer ses ressources propres, l’Etat se dégageant peu à peu en terme de soutiens financiers. Ce qui n’est pas juste un slogan mais une réalité que le ministère de la Culture reconnaît officiellement : "Le développement des ressources propres des établissements publics et la maîtrise de leurs coûts seront recherchés, afin d’alléger la part des subventions de l’État dans leur budget"peut-on lire dans un récent rapport [7].

Si, on le voit côté public, cette recherche effrénée d’argent frais qui se traduit par une augmentation des droits d’entrée, entre en contradiction avec l’exigence de démocratisation culturelle, cela affecte aussi la mission scientifique de ces institutions, ce qui est peut-être encore plus grave.

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Centre Pompidou en grève | 03.12.09 © Bernard Hasquenoph

Aujourd’hui, la situation financière de Beaubourg est plus que problématique, avec un budget en déficit de 2,3 millions d’euros. Un audit commandé par le Premier ministre lui-même, démontrant par là-même l’impuissance du ministère de la Culture, en exigeant du Centre de « faire mieux pour moins cher » a mis le feu aux poudres. On parle maintenant d’asphyxie.

Faut-il que la situation soit dramatique pour que le 1er décembre, brisant un silence habituel dans leur profession, une vingtaine conservateurs du Centre Pompidou adresse une lettre à Frédéric Mitterrand pour lui faire part de leur désarroi devant la dégradation de leur environnement de travail. Comme le rapporte LE MONDE [8], le courrier fait état de « l’effondrement » du budget d’acquisition des oeuvres, de 4 millions d’euros en 2005 à environ 2,5 millions d’euros aujourd’hui : « Désormais, le simple fonctionnement du musée, même recentré sur ses missions essentielles, est en jeu » n’hésitent pas à écrire les signataires.

Deux d’entre eux ont accepté de rencontrer la journaliste anonymement pour dénoncer pêle-mêle la multiplication des missions du musée avec toujours de nouveaux départements sans moyens à la clef, le Centre Pompidou Metz qui vient encore alourdir leur charge de travail, l’encore nouveau projet de musée itinérant lancé cette fois par Alain Seban totalement dépendant du mécénat alors que le musée en manque cruellement, les locations d’oeuvres qui risquent de se multiplier pour d’uniques raisons financières. Jusqu’aux expositions temporaires qui sont désormais soumise à la « tyrannie du chiffre » pour reprendre l’expression de la journaliste Clarisse Fabre : « Avant, les expositions grand public servaient à programmer des événements plus difficiles d’accès, et à soutenir des artistes émergents. Peu importait, alors, le nombre de visiteurs. Aujourd’hui, on nous pose systématiquement la question : quel potentiel d’entrées ? » déplorent les conservateurs.

Le Centre Georges-Pompidou, par l’audace de sa conception, le rêve de Culture pour tous qu’il incarnait, était la gloire d’une droite qui n’a sans doute jamais autant brillé dans ce domaine qu’une gauche mitterrandienne désormais bien lointaine. Il y a quelques jours, entourant Frédéric Mitterrand posant la première pierre du Louvre-Lens sous l’oeil ému des caméras, plusieurs de ses prédécesseurs étaient présents comme pour en recueillir un peu des flashs : Jean-Jacques Aillagon qui a présidé Beaubourg de 1996 à 2002, Renaud Donnedieu de Vabres qui lui a succédé Rue de Valois, jusqu’à l’incontournable Jack Lang, ministre de la Culture emblématique de François Mitterrand, aujourd’hui si proche de Nicolas Sarkozy. Que ne sont tous ces grands hommes au chevet d’un Centre qui porte en héritage le nom d’un homme politique dont ils sont quelque part tous redevables ? Ses salariés en grève, traités aujourd’hui par le mépris, sont-ils les derniers à en porter encore la part de rêve. La Culture, du rêve pour tous, c’est quoi d’autre ?

 :: LE CENTRE POMPIDOU À SON OUVERTURE EN 1977 ::

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Visionnez d’autres vidéos sur l’ouverture du Centre Pompidou sur notre page INA : cliquez ici

 :: RASSEMBLEMENT DEVANT LE CENTRE POMPIDOU | 07.12.09 ::

C’est beau, Beaubourg ! from LAPRODUCTRICE on Vimeo.

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:: Bernard Hasquenoph | 7/12/2009 | 00:04 |

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NOTES

[1] « Lancée dès l’été 2007, au lendemain de l’élection de Nicolas Sarkozy, la révision générale des politiques publiques (RGPP) est une réforme de l’Etat sans précédent... » indique le site Internet gouvernemental qui lui est dédié : www.rgpp.modernisation.gouv.fr.

[2] « RGPP, deuxième rapport d’étape », ministère de la Culture | mai 2009.

[3] Nombre d’agents du Centre, hors BPI et IRCAM. Le rapport d’activité ne détaille pas les prestations des vacataires si ce n’est les conférenciers (9 933 heures) et les intermittents du spectacle (9 361 heures) qui représentant une part minime de la totalité des heures effectuées, chiffrées à 126 103 heures de travail.

[4] Lettre ouverte à Alain Seban, président du Centre Pompidou par les secrétaires des organisations syndicales du Centre (CFDT, CFTC, CGT, FO, UNSA) | 30.11.09 / « Grèves au Centre Pompidou et au musée des Arts décoratifs », AFP | 24.11.09.

[5] Reportage d’ANTENNE 2 | 22.04.87.

[6] FRANCE 2 | 02.02.77.

[7] « RGPP, deuxième rapport d’étape », ministère de la Culture | mai 2009.

[8] « Le blues des conservateurs devant la course à l’argent » par Clarisse Fabre, LE MONDE | 03.12.09.



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« La fonction du musée est de rendre bon, pas de rendre savant. » Serge Chaumier, Altermuséologie, éd. Hermann, 2018
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