« Antoine Fonte ne veut plus des méthodes Phone Régie », LE RÉPUBLICAIN LORRAIN | 06.11.11
« Des salariés du Centre Pompidou Metz font grève », L’ESSENTIEL | 08.11.11
« La grogne s’expose à Pompidou Metz », L’EST RÉPUBLICAIN | 08.11.11
« Pompidou-Metz : Phone Régie sur la sellette », RÉPUBLICAIN LORRAIN | 09.11.11
10.12.10 | SUPER HEUREUSES, elles l’étaient toutes les quatre de participer à l’aventure du CPM comme on appelle déjà dans le jargon maison le Centre Pompidou-Metz ouvert en fanfare en mai 2010. Mais malheureusement, à l’issue de leurs deux mois d’essai, leur contrat de médiatrices jeune public n’a pas été reconduit par la société Phone Régie qui sous-traite bizarrement ce secteur du Centre messin. Elles estiment la décision arbitraire - pour cause, on leur aurait reproché à toutes la même chose : un vague n’avoir pas « tenu correctement (leurs) groupes dans les espaces d’expositions » - et pointent une éviction d’ordre uniquement personnel. Ce que réfute la direction de Phone Régie. Contactée, la société ne souhaite pas apporter de commentaire particulier sur leur cas au nom de la confidentialité des relations avec ses salariés et pour ne « pas nuire à la carrière de ces personnes », mais entend néanmoins faire savoir « que ces ruptures sont liées à des motifs objectifs et purement professionnels » [1]. Néanmoins, alertée en interne par les syndicats de la drôle d’ambiance qui régnerait dans ses équipes au sein du CPM, une délégation de son antenne strasbourgeoise a été dépêchée dernièrement là-bas, se contentant de rencontrer les managers qui, après avoir posé la question aux salariés de base, leur auraient rapporté que tout allait bien. Un silence de circonstance qui s’expliquerait, pour nos quatre « virées », par la crainte, pour les employés concernés, de se voir reconduits comme elles à la porte.
Choquées et déçues par leur « triste expérience » dans ce lieu magique, les quatre jeunes femmes ont saisi par courrier différents élus de la région, parties prenantes de l’établissement, ainsi que la direction du CPM qui n’a pas réagi. Dans cette lettre que nous avons pu consulter, elles font état « de la profonde injustice dont (elles se sentent) victimes, tant (leur) investissement professionnel a été fort pour chacune d’entre (elles) ». Elles s’inscrivent en faux contre une prétendue « décision collégiale et unanime des superviseurs Phone Régie en consultation avec le Pôle Publics du CPMetz » quand elles affirment de source sûre que le Pôle publics n’a jamais été consulté à ce sujet. L’une d’elles, qui a réussi à entrer en contact avec le secrétaire général du CPM via Facebook, a accepté de répondre à nos questions par Internet (Lire interview ci-dessous). Elle dénonce des dysfonctionnements liés à la bicéphalité de la gestion du personnel, des frictions dans le management dont elles auraient fait les frais, des salaires à peine au-dessus du Smic pour des fonctions très qualifiées et rend compte d’une ambiance, parmi le personnel du Centre, pas vraiment au beau fixe. Une situation corroborée et complétée par le témoignage semble-t-il de première main, pour le moins très informé, et accablant, paru récemment dans le journal de l’organisation politique Lutte Ouvrière, à la rubrique « Dans les entreprises » [2].
Le succès indéniable de Pompidou-Metz, avec une estimation de 600 000 visiteurs pour la fin de l’année, masquerait-il en interne un baby blues ? Début octobre, Antoine Fonte, adjoint à la Culture de la Ville de Metz et membre du conseil d’administration de l’établissement, faisait état publiquement ni plus ni moins que de la « souffrance » du personnel : « Ce centre connaît un succès énorme. Qui dit succès, dit personnel. Aujourd’hui, le personnel du Centre Pompidou-Metz souffre. Notamment à cause du sous-effectif. Accueillir 3 000 personnes par jour à 49 salariés, ce n’est pas évident du tout ! Ils se dévouent d’une manière exemplaire. Si l’on devait payer les heures supplémentaires qu’on leur doit... Et ils seraient en droit de le réclamer. Le personnel se sacrifie. Jusqu’à quand ? » [3]. Une compassion qui l’honore mais qui n’enlève rien au fait que ce qu’il décrit s’apparente juste à un délit de travail dissimulé. Avec les recettes générées par cette foule inattendue aux caisses, il ne devrait pas être difficile de payer ces heures ! Mais l’élu ne parlait manifestement ici que des salariés permanents du CPM et pas de tous les autres emplois externalisés dont faisaient partie les quatre médiatrices remerciées. E la nave va...
Afin de rendre compte de tous les points de vue, nous avons bien entendu sollicité la direction du CPM qui nous a opposé une fin de non reçevoir, nous renvoyant vers son partenaire sous-traitant, seul responsable de la gestion d’un personnel qui, pourtant, travaille entre ses murs [4]. Si, à la suite de cette parution, il prenait l’envie à la direction du Centre Pompidou-Metz comme à celle de Phone Régie de réagir, elles seraient évidemment les bienvenues.
UN EPCC EN FORME D’EPIC
Avant de donner la parole à l’une des quatre médiatrices remerciées, il nous faut préciser le contexte et la situation propre au Centre Pompidou-Metz. Le Centre, porté conjointement par l’Etat et les autorités locales, a la particularité de ne posséder aucun salarié fonctionnaire, si ce n’est quelques uns détachés, membres de la haute direction [5]. Ce qui relativise la déclaration quelque peu lyrique de Jean-Jacques Aillagon, père du projet, le jour de de l’inauguration : « Avec Metz, le Centre Pompidou se place dans une logique de service public » [6]. Un service public sans fonctionnaires - et sans l’aide de la RGPP ! -, un rêve sarkozien. La « machine à exposer », expression employée par Alain Seban, président du Centre Pompidou parisien, pour qualifier cette annexe lorraine, n’était donc pas une métaphore [7] !
Cette curiosité - ou cette monstruosité - est due à la forme juridique choisie par les responsables du projet, pour majorité élus locaux (souvent de gauche), et pour beaucoup eux-mêmes fonctionnaires. Le 31 décembre 2009, le Centre Pompidou-Metz a adopté le statut d’Etablissement public de coopération culturelle (EPCC) sous l’autorité du Préfet de la Région Lorraine Bernard Niquet [8]. Une catégorie d’établissements publics récente, créée par une loi du 4 janvier 2002 puis modifiée le 22 juin 2006, qui, dans un souci de décentralisation, laisse ensuite aux collectivités territoriales le choix de la forme juridique pour la gestion de l’activité, et donc du personnel. Pour le CPM, la forme juridique retenue, plutôt qu’un établissement public administratif (EPA) comme le sont généralement les grands musées, a été l’établissement public industriel et commercial (EPIC), plutôt réservé au domaine du spectacle vivant avec ses nombreux intermittents. Au final, le Centre Pompidou-Metz est donc un établissement public de coopération culturelle à caractère industriel et commercial, forme qui l’autorise à embaucher les salariés sous contrats de droit privé. Une forme juridique rejetée par le futur musée du Louvre-Lens, projet jumeau du CPM, qui, constitué pareillement en établissement public de coopération culturelle, a opté pour le premier choix : ’Le statut du personnel reste ainsi dans le droit public. Dans l’esprit, les élus préféraient cette solution" explique un responsable [9].
En février 2010, la décision du CPM a fait l’objet devant le Tribunal administratif de Strasbourg d’un recours inédit de la part de plusieurs instances de la CGT, dossier suivi par Vincent Blouet, secrétaire générale de l’UGFF, la CGT Fonctionnaires (CGT Culture, syndicat CGT de la Communauté d’agglomération, Union Départementale de la Moselle, Union Générale des Fédérations de Fonctionnaires UGFF, Fédération des Services publics). En effet, la forme « commerciale » est tout à fait contestable compte tenu de l’objet du Centre qui ne l’est pas - c’est un lieu d’exposition avant tout - et de son financement qui, même s’il prévoit de développer des ressources propres notamment par la location d’espaces, reste à 95% public. Le syndicat y voit un « moyen de démembrement des administrations ». Une nature commerciale en contradiction avec la proclamation du président de la République Nicolas Sarkozy lors de l’inauguration : « La culture est un élément stratégique du développement de la France. Il ne s’agit pas de la marchandisation de la culture, il s’agit de comprendre que dans cet écrin extraordinaire, dans ce geste architectural extraordinaire, on va pouvoir à partir d’ici organiser la renaissance de Metz et la renaissance de la Lorraine... » [10]. La procédure est en cours.
Résultat, les travailleurs du Centre Pompidou-Metz, malgré qu’il s’agisse d’un établissement public, relèvent tous du droit privé. Parmi la cinquantaine d’employés permanents, à temps plein, qui assurent la gestion de l’établissement et occupent principalement des postes de responsabilités, on trouve les anciens salariés de l’Association de préfiguration du CPM qui ont vu, lors de son ouverture au public, leurs contrats transférés, sans autre choix que d’accepter les conditions proposées (Voir les postes concernés ici). On les retrouve tout sourire - c’était obligatoire ? - sur le site Internet du CPM, manifestement sommés de montrer leur trombine. En période d’accroissement d’activité, il est prévu de recruter des personnes supplémentaires, suppose-t-on en CDD ou Interim. A noter : lors des premières élections du personnel au sein de l’établissement en septembre, la CGT est arrivée en tête au premier tour de scrutin.
EXTERNALISATION JUSQU’À LA MÉDIATION
Pour le reste, lors du premier conseil d’administration du 26 février 2010 qui se déroula à la préfecture de Moselle sous la présidence d’Alain Seban, a été voté l’externalisation des emplois liés à la sécurité des lieux mais également l’accueil des visiteurs, ainsi que la surveillance des espaces d’exposition (c’est-à-dire les gardiens, fonctionnaires titulaires ou vacataires dans tous les musées nationaux) ; enfin de manière plus surprenante pour un centre d’art qui y voit « une priorité pour rendre la création artistique accessible à tous », les emplois de conférenciers et de médiation [11]. Après appel d’offres, le marché de la sécurité a été attribué, pour une durée de deux ans, à l’entreprise locale SGP LORRAINE [12] comme l’avait été auparavant celui du nettoyage à la société CLEAN ALLIANCE, avec la possibilité d’être sous-traité en partie [13].
Au conseil d’administration du 29 avril 2010, la décision fut arrêtée d’attribuer les quatre marchés de l’accueil, de la surveillance des salles et de la médiation jeune public et des conférenciers à la société PHONE RÉGIE pour un montant global de 1 142 588,04 € hors taxes et pour une durée d’un an renouvelable, ce qui s’avère particulièrement curieux, pour une partie de ces fonctions, compte tenu du profil de la société [14]. En effet, PHONE RÉGIE se présente comme le « leader de l’accueil en entreprise ». Présente en France mais également en Belgique, au Luxembourg, en Allemagne et en Espagne, la société emploie environ 4000 salariés, pour l’essentiel hôtesses d’accueil et standardistes. Si la société propose bien ses services dans le domaine de la culture - depuis 2006, elle a même créé un Pôle Accueil Art & Culture « pour l’accueil des publics dans les espaces culturels et de loisirs : musées, théâtres, cinémas… » -, cela se limite au « service de réservation et billetterie, gestion de vestiaires, contrôle d’accès des visiteurs et accueil VIP », tel que le précise son site Internet [15].
Ce sont dans ces domaines que Phone Régie intervient au musée du Quai Branly depuis plusieurs années, aux Galeries nationales du Grand Palais (mais est-ce encore le cas ?) ainsi qu’au musée Rodin de 2006 à 2010 pour la tenue du vestiaire. Mais, à notre connaissance, rien dans la surveillance des salles d’exposition, encore moins dans la médiation culturelle qui est un domaine très spécialisé et qui réclame des compétences pointues aussi bien pour le recrutement que pour son suivi. Le témoignage de l’ex-médiatrice sur leurs embauches montre bien que Phone Régie n’est pas des plus à l’aise dans ce domaine. Mais, selon l’entreprise, les équipes du CPM, sont tombées « rapidement » sous son charme. La responsable du Pôle publics témoigne même dans leur communiqué de presse d’annonce d’obtention du marché : « Les équipes du Pôle « Accueil Art & Culture » de Phone Régie nous ont aidé à mettre en place et à développer l’organisation que nous avions pensée. Elles nous ont donné de nouvelles pistes de réflexion sur les solutions d’accueil des publics qui comprend les vestiaires et caisses ainsi que l’accueil et la médiation ». Par ailleurs, MAHOLA, filiale « spécialiste de l’accueil événementiel haut de gamme (...) apporte son expertise dédiée pour accompagner le Centre Pompidou-Metz au travers d’opérations ponctuelles » comme elle l’a fait lors des journées d’inauguration en mai [16].
Qualifiée parfois d’« usine à hôtesses » par certaines recrues, Phone Régie cherche ainsi à s’implanter dans le monde des musées publics qui, depuis plusieurs années, sont de plus en plus enclins à sous-traiter les postes d’accueil, ce que dénonce vertement la CGT Culture n’y voyant que « privatisation des missions, atteintes au service public et dumping social ». Et menace pour les conditions de travail. Au musée du Quai Branly, on s’en souvient. En 2008, le délégué syndical CGT, travaillant à l’accueil sous-traité par cette société, y a été « interdit de séjour » pendant six mois, écopant d’une faute selon lui imaginaire du fait de son engagement syndical. Il a fini par être réintégré après une lutte acharnée et intervention de l’Inspection du travail. Désormais, pouvant se prévaloir de l’important marché du Centre Pompidou-Metz, Phone Régie lorgne sur le futur Louvre-Lens (qui pourra toujours externaliser certaines fonctions) et du Musée d’Art Contemporain de Marseille [17]. Pour quel service au public ?
Quel poste occupiez-vous au Centre Pompidou-Metz et quelles étaient vos missions ?
Nous étions médiatrices jeune public. Il s’agissait d’accueillir au
quotidien des scolaires avec à la fois une visite commentée de l’exposition
« Chefs-d’oeuvre ? » et un travail en atelier, enfants et ado. Sur les 800 œuvres exposées, nous avions la liberté d’en retenir quatre à cinq de
manière à pouvoir les approfondir. Nous étions deux médiateurs pour une classe, ce qui permettait d’avoir des groupes d’une quinzaine d’enfants, formule souple pour les gérer au mieux.
Combien étiez-vous à occuper cette fonction ? Quels étaient vos profils ?
Nous étions une dizaine de médiateurs jeune public. Les autres employés par Phone Régie, plus nombreux, sont des médiateurs en salle (surveillants en quelque sorte), des conférenciers et des caissiers. Nos profils de médiateurs jeune public étaient variés, complémentaires. Certains venaient d’une filière directement liée à l’Histoire de l’art comme deux des médiatrices également non reconduites, l’une impliquée dans un travail d’illustrateur jeunesse et ayant travaillé au MUDAM et au FRAC Lorraine, l’autre enseignant parallèlement les arts plastiques. D’autres, comme moi en tant que médiathécaire implantée dans la vie culturelle locale, possédaient une expérience significative avec le jeune public. Certains ont conservé une activité professionnelle en dehors du CPM, ce qui était mon cas. Nos contrats, en terme de volume horaire, étaient variables, 10h30 par semaine pour moi jusqu’à 26h pour la quatrième non reconduite, qui n’avait pas d’autre activité professionnelle en dehors. Nos âges tournaient autour de la trentaine. Avec mes 40 ans, j’étais la plus « âgée », cela rime aussi souvent avec plus de maturité.
Comment se sont passées vos embauches ?
Longtemps, on a cru que l’on serait embauché directement par le CPM. Mais nos métiers ont été externalisés. La société Phone Régie a été nommée assez tardivement, peu de temps avant l’ouverture du Centre. Nous avions été pré-embauchées par la responsable de la programmation jeune public au sein du Pôle publics du CPM (celle-ci est partie début octobre pour un autre emploi sur Paris) et la directrice du département Culture de Phone Régie. Lors de nos entretiens en juin 2010, la personne qui nous avait pré-embauchée était présente avec une autre de Phone Régie en charge de notre embauche, celle qui allait devenir notre future superviseur de site, formée à l’Ecole du Louvre. Avec du recul, plusieurs choses nous ont frappées lors de ces entretiens : la responsable jeune public du CPM n’aurait pas dû être là mais c’est elle qui avait tous nos contacts en amont. J’ai eu l’impression d’être défendue par elle, légitimée. La superviseur écoutait ses recommandations. Mon entretien a coupé court lorsque nous avons évoqué la question du salaire. Je pensais que c’en était fini de mon rêve de travailler pour le CPM mais finalement, j’ai été contactée par Phone Régie : « Vous commencez le 25 août, par une semaine de formation... ». Plus tard, tous les médiateurs ont pu se rendre compte des relations conflictuelles qu’entretenaient entre elles la responsable de la programmation jeune public du CPM et la superviseur de site Phone Régie. Au final leur « rivalité » nous a desservi !
Vous aviez été embauchées à quelles conditions ?
Personnellement, on m’a d’abord proposé 16 heures par semaine. Pour des raisons personnelles, j’ai préféré donner mes heures du lundi à une
autre médiatrice qui était satisfaite d’augmenter, elle, son volume horaire. Lors de mon entretien de fin de période d’essai en octobre, j’ai appris que le fait que je demande de ne pas travailler le lundi posait problème alors même que mes heures étaient reprises par quelqu’un d’autre ! J’aurais souhaité travailler plus au CPM, seulement, il faut savoir que l’heure était payée à peine au dessus du Smic ! De fait, j’ai beau aimer ce travail - il m’a beaucoup apporté même si ce ne fut que deux mois -, il y avait, dans mon cas, une grande perte de pouvoir d’achat. Voir que mon expérience professionnelle n’était absolument pas reconnue ne m’a pas encouragé à lâcher mon métier initial de médiathécaire. J’étais peut-être trop « vindicative » pour Phone Régie qui préfère les personnes débutant leur carrière professionnelle, voire des étudiants déjà à un haut niveau de diplôme et très disponibles : soirs, week-ends, jours de fêtes en plus de la semaine et des prestations supplémentaires de dernière minute. Ce type de personnel accepte plus facilement ces conditions limites.
Au final, vous étiez sous la responsabilité hiérarchique de qui ? De Phone Régie ou du Pôle Public du Centre Pompidou-Metz ?
Question cruciale ! Ce mode de fonctionnement bicéphale pose un véritable problème de management et est un poison pour les relations humaines. Nous étions sous la responsabilité hiérarchique de la superviseur de Phone Régie ou de ses deux adjoints. Seulement, à notre arrivée le matin, seule la responsable des affaires scolaires du CPM était là pour faire les ajustements nécessaires (qui prend quelle classe ? etc...). A plusieurs reprises, la superviseur est venue nous trouver pour nous dire que nous n’avions pas le droit de parler avec le personnel du CPM, nous rappelant bien que c’était elle, notre interlocutrice. Pour l’ambiance générale, ce n’était pas l’idéal. Notre réunion hebdomadaire autorisait le personnel du Centre à venir en début de réunion, puis, telle une « secte », les médiateurs devaient se retrouver avec les seuls managers de Phone Régie. Quelle drôle de vision de la communication, pourtant un des leitmotivs de ce groupe.
Comment se sont passés vos deux mois de travail ?
Personnellement, ces deux mois ont été très intenses et riches en rencontres et échanges avec les autres médiateurs, mais aussi avec les professeurs et les enfants... Une dynamique qui me permettait de compenser les dysfonctionnements palpables dans le management de Phone Régie. Les conditions de travail tenaient peu compte de l’humain. Aucun arrangement possible même avec des demandes en amont. Nous tenions tous grâce au contenu même du travail parce que sinon...
La même raison de non reconduction de contrat a été invoquée pour vous quatre ? Quelle est-elle ?
Nous n’aurions pas « tenu correctement nos groupes dans les espaces d’expositions » ! Voilà bien là un motif qui aurait dû permettre de ne reconduire aucun des dix médiateurs, tant les problèmes des un-e-s et des autres en matière de gestion des groupes semblent avoir été les mêmes. Nous en parlions entre nous pour nous sentir moins seuls. Mais voilà, aucune remarque individualisée ne nous a été faite, ni même aucun avertissement ! Nous étions quatre sur la liste noire de Phone Régie, à faire les frais d’une décision arbitraire, relevant malheureusement plutôt de préférences personnelles que d’une faute professionnelle avérée. Un management sain aurait besoin d’un traitement plus égalitaire. Les médiateurs « virés » étaient sans doute les moins malléables, ceux que le management de Phone Régie pouvait le moins contrôler.
Avez-vous pu parler de votre situation à la direction du Centre ?
J’ai personnellement contacté le Secrétaire Général du CPM, via Facebook. Il n’était pas au courant de notre éviction et m’a semblé pas du tout à l’aise avec cette « affaire ». Le vrai problème, nous le savons de source officieuse, c’est qu’il n’y a jamais eu de réunion entre le personnel du Pôle publics du CPM et Phone Régie pour évoquer nos cas. Les dés étaient lancés !
Vous avez écrit à la Mairie de Metz, que comptez-vous faire maintenant ?
Nous avons le soutien du délégué à la Mission Pompidou, chargé des affaires culturelles à la Mairie de Metz, qui a reçu d’autres doléances de médiateurs en salle dont les conditions sont limites. Exemple : l’un d’eux a une plage horaire de trois heures de suite et ne peut ni aller aux toilettes, ni boire ! Nous avons aussi saisi le Conseil Régional (un autre financeur important du CPM) mais également les syndicats qui ont bien pris note de cette affaire mais comme il s’agissait d’une période d’essai, nous ont répondu que nous n’aurions aucun recours. Dans ces conditions, il nous importe juste de porter notre expérience à la connaissance de ceux qui ont prises au sein de l’EPCC du Centre Pompidou Metz. Nous savons que les médiateurs encore en poste évoluent dans des conditions peu faciles. Chacun a peur pour sa peau : « Serais-je le prochain sur la liste ? ». Nous avons bien conscience d’être une aiguille dans une botte de foin et savons que tout le monde est déjà passé à autre chose. Malgré tout, nous avons aimé travailler au Centre Pompidou-Metz. Mais, plus globalement, nous voulons juste faire reculer les injustices.
Vous souhaitez entrer en contact avec les quatre ex-médiatrices et pourquoi pas, leur faire des propositions professionnelles, c’est possible via ce mail : exmediateursphoneregie@gmail.com
Merci pour cet article. Les mêmes méthodes ont cours à l’ESAL depuis le passage de cette école des Beaux-Arts en EPCC à marche forcée sous la houlette de Jean-Luc Bohl.
[1] Mail reçu le 9 décembre de la direction de Phone Régie suite à notre sollicitation :
"Monsieur,
En réponse à votre mail de ce jour, nous vous informons que par souci de confidentialité à l’égard des collaborateurs dont nous avons rompu la période d’essai, nous ne souhaitons pas exposer publiquement les motifs nous ayant conduits à prendre cette décision.
Nous vous confirmons que ces ruptures sont liées à des motifs objectifs et purement professionnels qui ont été exposés préalablement aux collaborateurs, bien que les dispositions du code du travail en dispensent l’employeur.
Par souci pédagogique, il est d’usage au sein de notre entreprise de recevoir les collaborateurs et de leur faire part des disfonctionnements ne permettant pas d’envisager une collaboration sur le long terme. Pour autant il nous semble peu adroit d’exposer ces éléments à des tiers au risque de nuire à la carrière de ces personnes.
Enfin, en qualité de leader national sur le secteur de l’accueil en entreprise, nous rappelons que Phone Régie est particulièrement attentif au respect des dispositions légales et conventionnelles à l’égard de ses 3500 collaborateurs.
Cordialement,
La Direction des Ressources Humaines.« [2] »Centre Pompidou Metz : Art moderne... et conditions de travail moyenâgeuses", Lutte Ouvrière n°2210 du 10 décembre 2010.
[3] « Le personnel de Pompidou souffre », LE RÉPUBLICAIN LORRAIN | 02.10.10.
[4] Mail reçu le 9 décembre de la direction de Centre Pompidou-Metz suite à notre sollicitation :
"Monsieur,
Nous avons pris bonne note de votre message.
Pour votre parfaite information, Phone Régie est prestataire du Centre
Pompidou-Metz, dans le cadre d’un marché public, pour la billetterie, la
surveillance des salles et la médiation.
Nous vous invitons par conséquent à vous adresser à Phone Régie pour toute
question concernant la gestion de son personnel.
Recevez, Monsieur, l’expression de nos salutations cordiales.
La direction du Centre Pompidou-Metz".
[5] Ce doit être le cas de son directeur Laurent Le Bon, initialement conservateur en chef au Centre Pompidou, et de son secrétaire général Emmanuel Martinez, également issu du même établissement, à la direction de la communication.
[6] AFP | 30.04.10.
[7] « Centre Pompidou-Metz : éblouissante revue de détail avant inauguration » par Robert Koch, AFP | 10.05.10.
[8] Arrrêté 2009-DRCLAJ/1-066 en date du 31 décembre 2009.
[9] « Le siège social du Louvre-Lens... à Lens » par Delphine Pineau, LA VOIX DU NORD | 08.12.10.
[10] Discours de Nicolas Sarkozy, inauguration du Centre Pompidou-Metz | 11.05.10.
[11] "Personnel de sécurité, sûreté, surveillance et accueil : 1 490 000 €
Le Centre Pompidou-Metz externalisera les frais liés à la sécurité incendie et à la sûreté des biens et des personnes. Ces frais comprennent une permanence incendie (PC de sécurité 3 ASI de jour, 3 ASI de nuit) et 5 agents dans les espaces du Centre Pompidou-Metz en journée. Ces frais sont estimés à :
Sécurité incendie 450 000 €
Sûreté 400 000 €
Pour la surveillance des espaces d’exposition, l’accueil des visiteurs et la médiation, le Centre Pompidou-Metz a également fait le choix de recourir à l’externalisation de cette prestation. La prise en charge de ces personnels est estimée à 640 000 € répartis de la façon suivante :
Accueil et information 260 000 €
Espaces d’exposition 310 000 €
Ateliers Jeune public 70 000 €"
La citation « une priorité pour rendre la création artistique accessible à tous » est extraite de la Convention de partenariat entre la Communauté d’Agglomération de Metz Métropole, la Région Lorraine, la Ville de Metz, l’Etat et l’EPCC Centre Pompidou-Metz / Source : « Extraits du registre des délibérations du Conseil d’Administration de l’Etablissement Public de Coopération Culturelle « Centre Pompidou-Metz » - Séance du 26 février 2010 ».
[12] Pour un montant de 2 117 886€ HT / Avis d’attribution de marché : « Marché de prestations de service à caractère permanent de sécurité et de surveillance du Centre Pompidou-Metz » | 06.05.10.
[13] Pour 1 288 703€ HT / Avis d’attribution de marché : « Nettoyage des bâtiments du Centre Pompidou-Metz » | 23.04.10.
[14] « Considérant qu’il est nécessaire de disposer de personnels d’accueil, de médiation et de surveillance dans le Forum, dans les espaces d’entretien et les ateliers pédagogiques du Centre Pompidou-Metz pour recevoir le public, l’informer et assurer la surveillance et la protection des oeuvres exposées », le marché est confié à la société Phone Régie pour les lots suivants :
Lot 1 Information Vestiaire Billetterie : 186 969,70€ HT
Lot 2 Agents médiateurs/surveillants d’oeuvres en salle : 684 403,07€ HT
Lot 3 Médiateurs Jeune Public : 155 227,84€ HT
Lot 4 Médiateurs conférenciers : 115 986,80€ HT"
Source : "Extraits du registre des délibérations du Conseil d’Administration de l’Etablissement Public de Coopération Culturelle « Centre Pompidou-Metz » - Séance du 29 avril 2010.
[15] "Accueil art et culture
Espaces culturels et de loisirs : musées, théâtres, cinéma...
Service de réservation et billetterie, gestion de vestiaires, contrôle d’accès des visiteurs et accueil VIP
Des hôtes et des hôtesses d’accueil qualifié(e)s et formé(e)s à la réception du Grand Public et à votre secteur d’activité
La flexibilité des horaires de travail répondant aux heures d’ouverture auprès du public (week-ends, jours fériés...)
Une collection d’uniformes personnalisée« Page de présentation sur le site www.phone-regie.com > Rubrique »Nos prestations« > Rubrique »Accueil art et culture".
[16] « Le Centre Pompidou-Metz confie à Phone Régie l’accueil de ses visiteurs », Communiqué de presse, Phone Régie | 29.06.10.
[17] Communiqué de presse, Phone Régie | 29.06.10, déjà cité.